mercredi 9 février 2022

Poutine : selon qu’il cause avec Macron ou qu’il est si complaisant avec Xi.

 

Rares sont sans doute ceux qui n’ont pas apprécié la désopilante photo de la  « discussion » au Kremlin de Macron avec Poutine.

Excellemment commentée en quelques mots par Yves Daoudal : « Dans le respect des gestes barrières, sans doute… »

Au demeurant, dans un cadre témoignant de la persistance au Kremlin du mauvais goût pompier de l’Union Soviétique.

Macron est content. Il voulait être reçu par Poutine et il l’a été, et même très longuement. Juste pour lui faire plaisir. Et sans autre résultat. Au moins auraient-ils pu utiliser ce temps pour une partie d’échecs avec juste un petit système électronique permettant de déplacer les pions sur le jeu au centre de la table véritablement sibérienne.

A propos de la Sibérie, on en parle moins que de cette Ukraine provoquant, chez Poutine une démangeaison de reconquête nonobstant le fait que l’Ukraine n’est en réalité à la Russie très analogiquement que ce que l’Irlande est à l’Angleterre.

Pourtant, Poutine ne ferait-il pas mieux de s’occuper un peu plus de préserver l’indépendance de la Sibérie qui n’a d’existence historique que russe à la différence de l’Ukraine ? (L’ancienne « Rus’ » de Kiev n’étant pas la « Russie » issue de la principauté de Moscovie…)

Or la triste réalité de la Sibérie aujourd’hui n’est-elle pas qu’elle devient de plus en plus immensément chinoise ?

On peut lire en date d’hier sur « l’Insolent », la toujours intéressante revue sur internet de J.G Malliarakis les pertinentes lignes suivantes de l’un de ses lecteurs, corroborant ce que l’on peut lire dans les revues de géopolitique les mieux informées : « Resterait, en effet, à étudier de près la dépendance croissante de la Russie vis-à-vis de la Chine. Listons dans le désordre : le quasi-abandon d'immenses espaces forestiers aux Chinois, par entente directe avec Moscou, au désespoir des Russes locaux ; la réduction de la Russie au rang de fournisseur de matières premières ; l'installation massive d'entreprises chinoises dans l'Orient russe ; la pression croissante du commerce chinois sur l'usage du transsibérien aux dépens des échanges intrarusses ; l'alliance inégale qui se dessine pour la maîtrise de l'Arctique, la construction navale chinoise faisant la différence ; le repli des Russes des républiques d'Asie centrale, Kazakhstan excepté, vu maintenant par Moscou comme un palliatif à l'effondrement démographique ; le grignotage progressif, et diplomatique, des marges tadjikes et kirghizes par la Chine depuis plus de vingt ans.

Peut-on encore parler de partenariat ? La Chine a un projet à long terme (...). Avec ses campagnes agonisantes, la Russie ne semble plus en mesure d'assurer la garde des frontières chinoises et turques. De la "troisième Rome" au nouveau Tiers-monde ? »

On pourra objecter à ces observations que la Chine, après avoir longtemps rechigné à se fournir en hydro carbures importés de Russie, va désormais en recevoir massivement le gaz.

En effet, « Power of Siberia » le premier Gazoduc reliant sur 2000km la Russie à la Chine a été inauguré le 2 décembre dernier et deux autres installations d’acheminement sont en cours de construction, qui fourniront instamment du gaz russe jusqu'à Chang Haï.

Ceci établit certes une interdépendance indubitablement positive entre les deux géants.

Mais cela ne freine pas du tout l’avancée chinoise sur la Sibérie qui ressemble de plus en plus à une conquête.