vendredi 5 mars 2021

L’Algérie encore

Alors qu’Emmanuel Macron s’emploie à immédiatement appliquer des « préconisations » du rapport Stora pour complaire sans réciprocité au gouvernement algérien, un fait d’actualité et une annonce illustrent l’aberration laxiste et masochiste de la politique de l’État français sur ce registre.

Le fait est la criminelle agression à Reims de Christian Lantenois, le journaliste photographe du quotidien l’Union. Au moment où nous écrivons, ce dernier est encore entre la vie et la mort. L’auteur du lynchage qui l’a laissé pour mort, Anes Saïd Khebbeb, est un algérien de 21 ans, condamné à huit reprises entre 2018 et 2019 pour différents délits qui, s’il les avait commis en Algérie, lui auraient assurément valu de très longues peines d’incarcération.   

L’annonce a été celle d’un projet de loi qui a aussitôt inquiété les très nombreux Algériens résidant hors du pays. Elle a été faite en Conseil des ministres sous la présidence du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, par le ministre algérien de la justice Belkacem Zeghmati. Selon le quotidien « Le Parisien », ce dernier a exposé la proposition selon laquelle se verrait déchue de la nationalité algérienne toute personne « qui commettrait, en dehors du territoire national, des actes portant volontairement de graves préjudices aux intérêts de l’État ou qui portent atteinte à l’unité nationale ».

Les lecteurs attentifs n’auront pas manqué de relever que des cas comme celui du multi-récidiviste Anes Saïd Khebbeb ne relèveront pas de cette disposition. L’État dont il est question, l’État auquel il ne faut pas porter préjudice, c’est l’État algérien. Et l’unité nationale dont il s’agit, c’est bien celle de l’Algérie que peut menacer le séparatisme kabyle. Les dirigeants algériens ne se soucient pas des actes de leurs ressortissants qui pourraient porter préjudice aux États des pays où vivent des diasporas algériennes.

Pour ce qui est de celle installée en France, rappelons qu’au mois de juillet 2020, le président algérien Abdelmajid Tebboune a mentionné le chiffre de six millions de ressortissants. Comme un grand nombre de ces derniers bénéficient de la double nationalité et donc qu’ils votent en France, étant très encadrés, très influencés par le gouvernement algérien, on comprend pourquoi Emmanuel Macron, si bien conseillé par son cher Stora, ne veut surtout pas plus déplaire au gouvernement algérien qu’Angela Merkel ne veut déplaire au gouvernement turc d’Erdogan.

Ne perdons pas non plus de vue que ces six millions d’Algériens ne sont qu’une partie de l’immigration musulmane en France toujours plus riche de sa diversité africaine et asiatique. Mais pas plus Macron que Darmanin ne savent exactement le chiffre des millions d’immigrés autres qu’Algériens, et pas davantage celui des centaines de milliers de fervents islamistes parmi eux, certes pas tous terroristes.