mardi 23 juin 2020

La démocratie explosée

Voici que sous la présidence d’Emmanuel Macron le système démocratique semble une nouvelle fois rentré dans les convulsions de ces folies diverses qui rythment son histoire depuis l’hystérie cannibale du 14 juillet 1789.
« Tout est si nécessairement fou que ce serait fou par une autre espèce de folie que de n’être point fou ». Cet aphorisme de Blaise Pascal pourrait bien être un de ceux qu’affectionne notre Macro-Néron au regard si allumé, mais qui, selon nous, n’en est pas moins mu en politique d’une intime conviction de la nécessité du grand remplacement de la démocratie. Bien sûr, sans jamais le dire !
Emmanuel Macron est en effet un disciple du comte de Saint-Simon, le grand penseur utopiste de la technocratie. On en connaît l’adage célèbre résumant sa pensée politique : « substituer au gouvernement des hommes l’administration des choses ». Et c’est ainsi que le Macron, à la fois fou et pas si fou, a concocté la « dinguerie » de la « convention citoyenne pour la climat », c’est-à-dire une assemblée délibérative de cent cinquante citoyens tirés au sort !
Et voilà apparemment le nouveau modèle de sa démocratie, censé retrouver celui de la démocratie originelle, pure et sans tâche. Car qui pourrait manipuler au tirage au sort ?
Pourtant, Macron sait fort bien qu’il s’agit là d’une immense foutaise, d’un triomphe de l’absurde.  Imaginons cela appliqué au pilotage des avions. Pure folie ! diriez-vous. À l’évidence, en effet, il vaudrait mieux confier le manche à un pilote compétent.
De même, derrière tous les « tirés au sort » du système apparent de la grande loterie, Macron n’a pour visée que de placer toujours plus de technocrates ; de renforcer partout la technocratie, c’est-à-dire le « gouvernement des banquiers et des savants », selon la formule de Saint-Simon.
Et d’en finir ainsi, par la magie du tirage au sort, avec la démocratie élective, la démocratie parlementaire, ce système certes non exempt de vices et de perversions mais auquel on peut préférer un autre régime de gouvernement que celui de l’inversion technocratique.
Or la France doit être gouvernée, non pas soumise à la toute-puissance d’une administration  de technocrates, fut-elle sous une présidence à visage macronien.
Mais Macron n’a-t-il pas toujours rêvé, dans son imaginaire, d’être le César régnant sur son système technocratique ?