lundi 13 janvier 2020

Les deux papes : le mystère s’épaissit


Outre un titre et commentaire à la Une, « Célibat des prêtres : le cri d’alarme de Benoît XVI », rien moins que trois pleines pages dans le Figaro d’aujourd’hui sur des extraits et commentaires du livre « Des profondeurs de nos cœurs » à sortir prochainement, écrit à « double main » par le pape émérite Benoît XVI et le cardinal Sarah.

Les deux papes, « l’émérite » et l’actuel, ont certes régulièrement témoigné de leur fidélité et affection l’un pour l’autre, et le cardinal africain pour le pape argentin. Mais cela a de moins en moins trompé son monde. Qui oserait sérieusement prétendre qu’il y a harmonie et continuité entre les deux pontifes : François a évidemment voulu une dynamique des groupes planétaire pour l'ordination d'hommes mariés, et sans doute bien d’autres choses, à partir d’une mise en train amazonienne expérimentale.

Pauvres catholiques amazoniens qui n’en demandaient pas tant, mais instrumentalisés en modèles à suivre d’abord pour… l’Église allemande, locomotive d’une déconstruction plus générale. 

Je n’ai pas pour ma part une mission d’expert des règles du sacerdoce catholique. Mais déjà à la lumière de mon expérience, je crois que Benoît XVI et le cardinal Sarah ont raison. 

Comment ne pas constater que les églises catholiques d’Orient, dans lesquelles le mariage des prêtres est de tradition, ne connaissent pas moins une baisse des vocations que l’Église romaine ? 

Comment ne pas observer l’effondrement des vieilles églises réformées, luthériennes ou calvinistes, dont les pasteurs, de plus en plus rares quoique mariés, ne prêchent plus que dans des temples désertifiés ? Il n’est que de voir ce qu’il en est dans mon pays, à Mazamet, à Castres, à Montauban, villes jadis bastions du protestantisme. Et il en est, me dit-on, de même en Alsace, autrefois haut lieu du luthérianisme.

Quant à l’anglicanisme où l’on marie même allègrement des paires de prêtres et d’évêques homosexuels, à l’image de la cour d’Angleterre, en reste-t-il autre chose que de mondaines apparences ?

Mais je ne crois pas que l'ordination d'hommes mariés soit l’objectif unique ni même essentiel de François. N’est-ce pas plutôt une des composantes de la déconstruction de l‘Église catholique depuis longtemps idéologiquement pensée dans une perspective révolutionnaire ? 

François, en bon empiriste néo-léniniste (« Trois pas en avant, un en arrière ») n’imposera peut-être pas le mariage des prêtres, il reculera s’il sent trop de réticence.

Mais il continuera autant qu’il pourra dans la voie de l’entente cordiale avec la Chine communiste, avec Cuba, avec le Venezuela, avec l’islam, et dans l’encouragement de tous les déferlements immigrationnistes.

Resterait à savoir mieux quel rêve utopique l’habite ? Peut-être Benoît XVI et le cardinal Sarah en ont-ils une idée ? Mais il est à craindre qu’ils ne puissent jamais l’exprimer.

Il ne faut pas désespérer les fidèles des pays libres… 

Reste encore à savoir pourquoi réellement Benoît XVI s’est un jour avisé de démissionner. Car on le voit plusieurs années après sa décision, il n’était pas en si mauvaise santé. On a donc sur cela entendu diverses hypothèses. Il n’est pas sûr que l’on sache la vérité de sitôt. Sauf si le pape émérite décide de la révéler avant sa mort.