lundi 23 septembre 2019

Le temps des grandes menaces


·       Sur l’Église : curieuse attitude de François sur la perspective d’un schisme

Ce samedi, dans le très modéré Figaro, rien moins qu’une alerte à la Une, sur l’Église, photo de François à l’appui et la mention « L’Église sous tension à l’approche d’un synode décisif ». Et puis, deux pleines pages (6 et 7) sous le titre général : « Atmosphère de crise au sein de l’Église » et trois paragraphes de Jean-Marie Guénois, le très bien informé et très compétent chroniqueur religieux et correspondant à Rome du quotidien, tout sauf un méchant intégriste, tout sauf un papophobe patenté.

-Le premier paragraphe est sous-titré : « D’importants désaccords internes secouent le Vatican. Le mot « schisme » réapparaît ». Nous reviendrons plus loin sur ce point inquiétant. Car se pose la question de savoir : qui veut le schisme ?

Guénois naturellement évoque le prochain « synode sur l’Amazonie ». On sait que celui-ci est concocté à Rome pour préparer en fait des réformes révolutionnaires à portée universelle. Et cela suscite bien des oppositions et pas seulement à Rome.

Sous un « inter » intitulé « Un pape « très autoritaire », Guénois écrit : « Cet été romain fut surtout le théâtre d’une exécution capitale d’une violence inédite. Ce n’est pas un homme qui a été tué, mais « son héritage le plus précieux », dit-on ici. »

« L’héritage le plus précieux » en question, c’est celui de Jean-Paul II. Car précise Guénois, fin juillet,  «  l’Institut Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille a été sciemment et discrètement décapité. Dans son corps professoral comme dans son enseignement. »

En réalité, il s’est agi de la mise à mort délibérée décidée par François d’un centre catholique d’importance majeure destiné à continuer à diffuser sur ces sujets les réflexions d’un Jean-Paul II, lui-même en ces questions continuateur du Paul VI de l’encyclique « Humanae Vitae » et continué par Benoît XVI. 

Guénois écrit : « Dans les milieux concernés, c’est la consternation absolue ». Il précise : « Des personnalités ecclésiales jusque-là bienveillantes pour les réformes jugées utiles commencent, pour les plus courageux, à dire que cela va trop loin. Quand d’autres grognent sous le manteau par peur des « représailles », car on dit le pape « très autoritaire ».


-Le second paragraphe est sous-titré : « La reprise en main de l’Institut Jean-Paul II, symptôme du malaise ».

À  la lumière de ce qui précède, l’expression « reprise en main » semble quelque peu faible. Et d’ailleurs, Guénois met en exergue le propos d’un enseignant exclu de l’Institut : « Des professeurs méritants, n’ayant commis aucune faute sinon celle d’enseigner la morale classique de l’Église, se trouvent jetés comme des déchets ».

Plus grave encore que de pareils procédés que les collaborateurs de François justifient assurément au nom de l‘adaptation à notre époque, nous paraît être la ligne révolutionnaire de la revue jésuite de référence Civilta cattolica, « relue par le Vatican », précise Guénois. C’est-à-dire très attentivement suivie par François. 

Le jésuite Carlo Casalone, de l’équipe de choc de la révolution « François », y explique notamment, écrit Guénois, qu’il faut se débarrasser des « monolithismes anachroniques » et s’ouvrir aux « nouvelles réalités » de la famille. 

Ne plus imposer surtout un modèle unique de famille, le mariage homme-femme, indissoluble et fécond, désormais classé dans le registre « d’un appareil conceptuel anachronique et sclérosé ».

Guénois conclut : « Dans l’Église, cette affaire, symbolique de son évolution actuelle, ouvre une rupture profonde ». C’est le moins qu’on puisse dire ! Car, à la vérité, on est pleinement là dans la perspective encouragée du ralliement au dit mariage pour tous.

On comprend que la plupart des évêques, déjà largement acquis à l’idéologie théologique de François, ne se soient guère mobilisés pour soutenir les braves « cathos » (et même non cathos) de la Manif pour tous, naïvement persuadés de marcher avec le soutien du pape et de tous les évêques. Si on leur avait dit le contraire, ces bons naïfs nous auraient écharpés ! 


-Le troisième paragraphe de Guénois est intitulée : « Prêtres mariés, place des femmes dans la liturgie : des dossiers épineux font surface ».

À vrai dire, ces dossiers sont depuis longtemps objets de débats agités par les sphères dites progressistes de l’Église. En bon agitateur, François entend simplement utiliser le synode sur l’Amazonie pour les accélérer à des fins plus larges. Et par exemple, en accord avec son excellent ami le très progressiste cardinal Marx (par ailleurs grand admirateur de Karl Marx) propulser en Allemagne le mariage des prêtres catholiques sur le modèle protestant.
   
Luther, l’hérétique schismatique de jadis, n’a-t-il pas été encensé par François ?

Dans ce troisième paragraphe, sous l’inter « Des cardinaux électeurs à l’image de François », Guénois rappelle que le dimanche 6 octobre, jour de l’ouverture du synode sur l’Amazonie et lors d’un consistoire, le pape François va « créer », selon l’expression consacrée, 13 nouveaux cardinaux. 

Il s’agit de ceux dont la liste a été publiée  il y a peu. 

Le pape, écrit Guénois, « a exclusivement choisi des prélats pour les plus pauvres, amis de l’islam et militants de l’écologie ».

Passons sur l’engagement pour les plus pauvres. On connaît la rhétorique, on connaît la ritournelle. On sait hélas ce que cela a souvent recouvert, on n’aurait pas bien sûr imaginé qu’il sélectionne des cardinaux « engagés pour les plus riches »…

Pour ce qui est de l’écologie, on sait son total alignement sur l’écololâtrie mondialiste de Greta Thunberg. Entend-il proclamer un jour cette idole onusiaquement fabriquée cardinal honoris causa ?

Mais le plus inquiétant n’est-il pas que désormais les cardinaux doivent être des « amis de l’islam » ?

Non pas des connaisseurs du monde islamique, non pas des cardinaux ayant des relations amicales avec des musulmans, non, mais des cardinaux « amis de l’islam », comme il en fut à être « amis du communisme », tristes collabos, trahissant leurs innombrables frères chrétiens, évêques, prêtres, fidèles de toutes les confessions chrétiennes, torturés, massacrés, à la Loubianka, dans tous les camps de la mort des goulags et du Laogaï.

Des cardinaux amis de l’islam,  donc amis de l’idéologie islamique du Coran et des Hadîths, et de l’ordre de la charia et de la dhimmitude, amis de la religion qui proclame voués aux pires tourments de l’enfer les associationnistes coupables de ne pas croire en l’unicité de Dieu et professant l’abomination d’un Christ engendré alors qu’il ne fut qu’un prophète ?


·       Le schisme, mais de qui ?

François, avec une sorte de surprenante allégresse, a émis le 19 septembre selon ses formes de langage : « Il y a toujours le choix schismatique dans l’Église, toujours ». Et d’ajouter, suivez son regard : « Quand vous voyez des chrétiens, des évêques, des prêtres rigides, derrière eux il y a des problèmes. Ce n’est pas la santé de l’Évangile ».

Mais un pape qui qualifie de rigides tous ceux qui ne s’alignent pas inconditionnellement sur ses propos, un pape qui, au lieu de répondre charitablement à des objections, ne procède qu’à la disqualification de ceux qui formulent quelques objections en invoquant leurs « problèmes », sous-entendant leurs maladies mentales, selon les procédés des pourvoyeurs soviétiques des hôpitaux psychiatriques et de tous les systèmes de rééducation ; ce pape, si souple en effet avec l’islam, avec le communisme, si plein de compréhension naguère pour son cher Fidel Castro, ce pape n’est-il pas un « super rigide » avec ceux qui, en pleine liberté catholique, lui expriment respectueusement leurs désaccords ?

Et quand il enchaîne après cela, en son langage, ses considérations sur « les schismes qu’il ne redoute pas et sur les chrétiens, évêques et prêtres rigides derrière lesquels il y a des problèmes et que ce n’est pas la santé de l’Évangile », ne peut-on pas se demander si au fond, il ne souhaiterait pas un schisme qui débarrasserait l’Église selon ses vœux de tous ces rigides, de tous ces malades ?

On ose espérer que non. Mais par moments, n’en viendrait-on pas à se demander, sans nullement remettre en cause le fait qu’il est le pape légitime et qu’il faut bien le supporter sans tout accepter, si lui, François, ne serait pas au fond en état de schisme mental, par rapport à ses prédécesseurs ?

Il  y a eu quelques papes plus ou moins mauvais dans l’histoire de l’Église, moins que de grands papes ou de saints papes. Nous n’aurions pas beaucoup aimé les mauvais papes. Certes, la sûre doctrine catholique de l’infaillibilité pontificale en des moments solennels de proclamation des dogmes nous interdit justement toute inconditionnalité.  Être catholique n’implique pas d’être papolâtre ni même d’être systématiquement papophile. 

Nous aimerions pouvoir mieux aimer François ; son autoritarisme, sa méchanceté même pour ceux qu’il n’aime pas, ne nous rend pas la chose aisée. 

Et qu’en sera-t-il de son successeur dont, à la différence de Benoît XVI, il s’occupe activement, méthodiquement, de préparer l’élection ?

Mais les voies de Dieu sont impénétrables et l’hétérotélie affecte aussi les desseins des papes. Alors, gardons l’espérance !