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Sur l’Église :
curieuse attitude de François sur la perspective d’un schisme
Ce samedi, dans le très modéré
Figaro, rien moins qu’une alerte à la Une, sur l’Église, photo de François à l’appui
et la mention « L’Église sous
tension à l’approche d’un synode décisif ». Et puis, deux pleines
pages (6 et 7) sous le titre général : « Atmosphère de crise au sein
de l’Église » et trois paragraphes de Jean-Marie Guénois, le très bien
informé et très compétent chroniqueur religieux et correspondant à Rome du
quotidien, tout sauf un méchant intégriste, tout sauf un papophobe patenté.
-Le premier paragraphe est
sous-titré : « D’importants
désaccords internes secouent le Vatican. Le mot « schisme »
réapparaît ». Nous reviendrons plus loin sur ce point inquiétant. Car se
pose la question de savoir : qui veut le schisme ?
Guénois naturellement évoque le
prochain « synode sur l’Amazonie ». On sait que celui-ci est concocté
à Rome pour préparer en fait des réformes révolutionnaires à portée universelle.
Et cela suscite bien des oppositions et pas seulement à Rome.
Sous un « inter »
intitulé « Un pape « très
autoritaire », Guénois écrit : « Cet été romain fut surtout le théâtre d’une exécution capitale d’une
violence inédite. Ce n’est pas un homme qui a été tué, mais « son
héritage le plus précieux », dit-on ici. »
« L’héritage le plus
précieux » en question, c’est celui de Jean-Paul II. Car précise Guénois,
fin juillet, « l’Institut
Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille a été sciemment et
discrètement décapité. Dans son corps professoral comme dans son enseignement. »
En réalité, il s’est agi de la
mise à mort délibérée décidée par François d’un centre catholique d’importance
majeure destiné à continuer à diffuser sur ces sujets les réflexions d’un
Jean-Paul II, lui-même en ces questions continuateur du Paul VI de l’encyclique
« Humanae Vitae » et continué par Benoît XVI.
Guénois écrit : « Dans les milieux concernés, c’est la
consternation absolue ». Il précise : « Des personnalités ecclésiales jusque-là bienveillantes pour les
réformes jugées utiles commencent, pour les plus courageux, à dire que cela va trop
loin. Quand d’autres grognent sous le manteau par peur des « représailles »,
car on dit le pape « très autoritaire ».
-Le second paragraphe est
sous-titré : « La reprise en
main de l’Institut Jean-Paul II, symptôme du malaise ».
À la lumière de ce qui précède, l’expression « reprise
en main » semble quelque peu faible. Et d’ailleurs, Guénois met en exergue
le propos d’un enseignant exclu de l’Institut : « Des professeurs méritants, n’ayant commis
aucune faute sinon celle d’enseigner la morale classique de l’Église, se trouvent
jetés comme des déchets ».
Plus grave encore que de
pareils procédés que les collaborateurs de François justifient assurément au
nom de l‘adaptation à notre époque, nous paraît être la ligne révolutionnaire de
la revue jésuite de référence Civilta
cattolica, « relue par le Vatican », précise Guénois. C’est-à-dire
très attentivement suivie par François.
Le jésuite Carlo Casalone, de l’équipe
de choc de la révolution « François », y explique notamment, écrit
Guénois, qu’il faut se débarrasser des « monolithismes anachroniques »
et s’ouvrir aux « nouvelles réalités » de la famille.
Ne plus imposer surtout un
modèle unique de famille, le mariage homme-femme, indissoluble et fécond,
désormais classé dans le registre « d’un appareil conceptuel anachronique
et sclérosé ».
Guénois conclut : « Dans l’Église, cette affaire, symbolique de
son évolution actuelle, ouvre une
rupture profonde ». C’est le moins qu’on puisse dire ! Car, à la
vérité, on est pleinement là dans la perspective encouragée du ralliement au
dit mariage pour tous.
On comprend que la plupart des
évêques, déjà largement acquis à l’idéologie théologique de François, ne se
soient guère mobilisés pour soutenir les braves « cathos » (et même
non cathos) de la Manif pour tous, naïvement persuadés de marcher avec le
soutien du pape et de tous les évêques. Si on leur avait dit le contraire, ces
bons naïfs nous auraient écharpés !
-Le troisième paragraphe de
Guénois est intitulée : « Prêtres
mariés, place des femmes dans la liturgie : des dossiers épineux font
surface ».
À vrai dire, ces dossiers sont
depuis longtemps objets de débats agités par les sphères dites progressistes de
l’Église. En bon agitateur, François entend simplement utiliser le synode sur l’Amazonie
pour les accélérer à des fins plus larges. Et par exemple, en accord avec son
excellent ami le très progressiste cardinal Marx (par ailleurs grand admirateur
de Karl Marx) propulser en Allemagne le mariage des prêtres catholiques sur le
modèle protestant.
Luther, l’hérétique
schismatique de jadis, n’a-t-il pas été encensé par François ?
Dans ce troisième paragraphe,
sous l’inter « Des cardinaux
électeurs à l’image de François », Guénois rappelle que le dimanche 6
octobre, jour de l’ouverture du synode sur l’Amazonie et lors d’un consistoire,
le pape François va « créer », selon l’expression consacrée, 13
nouveaux cardinaux.
Il s’agit de ceux dont la liste
a été publiée il y a peu.
Le pape, écrit Guénois, « a exclusivement choisi des prélats pour les plus pauvres, amis de l’islam
et militants de l’écologie ».
Passons sur l’engagement pour
les plus pauvres. On connaît la rhétorique, on connaît la ritournelle. On sait
hélas ce que cela a souvent recouvert, on n’aurait pas bien sûr imaginé qu’il
sélectionne des cardinaux « engagés pour les plus riches »…
Pour ce qui est de l’écologie, on
sait son total alignement sur l’écololâtrie mondialiste de Greta Thunberg. Entend-il
proclamer un jour cette idole onusiaquement fabriquée cardinal honoris causa ?
Mais
le plus inquiétant n’est-il pas que désormais les cardinaux doivent être des « amis
de l’islam » ?
Non pas des connaisseurs du
monde islamique, non pas des cardinaux ayant des relations amicales avec des
musulmans, non, mais des cardinaux « amis de l’islam », comme il en
fut à être « amis du communisme », tristes collabos, trahissant leurs
innombrables frères chrétiens, évêques, prêtres, fidèles de toutes les
confessions chrétiennes, torturés, massacrés, à la Loubianka, dans tous les
camps de la mort des goulags et du Laogaï.
Des cardinaux amis de
l’islam, donc amis de l’idéologie
islamique du Coran et des Hadîths, et de l’ordre de la charia et de la
dhimmitude, amis de la religion qui proclame voués aux pires tourments de l’enfer
les associationnistes coupables de ne pas croire en l’unicité de Dieu et
professant l’abomination d’un Christ engendré alors qu’il ne fut qu’un prophète ?
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Le schisme,
mais de qui ?
François, avec une sorte de
surprenante allégresse, a émis le 19 septembre selon ses formes de langage :
« Il y a toujours le choix
schismatique dans l’Église, toujours ». Et d’ajouter, suivez son
regard : « Quand vous voyez des
chrétiens, des évêques, des prêtres rigides, derrière eux il y a des problèmes.
Ce n’est pas la santé de l’Évangile ».
Mais un pape qui qualifie de
rigides tous ceux qui ne s’alignent pas inconditionnellement sur ses propos, un
pape qui, au lieu de répondre charitablement à des objections, ne procède qu’à
la disqualification de ceux qui formulent quelques objections en invoquant leurs
« problèmes », sous-entendant leurs maladies mentales, selon les procédés
des pourvoyeurs soviétiques des hôpitaux psychiatriques et de tous les systèmes
de rééducation ; ce pape, si souple en effet avec l’islam, avec le
communisme, si plein de compréhension naguère pour son cher Fidel Castro, ce
pape n’est-il pas un « super rigide » avec ceux qui, en pleine
liberté catholique, lui expriment respectueusement leurs désaccords ?
Et quand il enchaîne après
cela, en son langage, ses considérations sur « les schismes qu’il ne
redoute pas et sur les chrétiens, évêques et prêtres rigides derrière lesquels
il y a des problèmes et que ce n’est pas la santé de l’Évangile », ne
peut-on pas se demander si au fond, il ne souhaiterait pas un schisme qui
débarrasserait l’Église selon ses vœux de tous ces rigides, de tous ces malades ?
On ose espérer que non. Mais par
moments, n’en viendrait-on pas à se demander, sans nullement remettre en cause
le fait qu’il est le pape légitime et qu’il faut bien le supporter sans tout
accepter, si lui, François, ne serait pas au fond en état de schisme mental,
par rapport à ses prédécesseurs ?
Il y a eu quelques papes plus ou moins mauvais dans
l’histoire de l’Église, moins que de grands papes ou de saints papes. Nous n’aurions
pas beaucoup aimé les mauvais papes. Certes, la sûre doctrine catholique de l’infaillibilité
pontificale en des moments solennels de proclamation des dogmes nous interdit
justement toute inconditionnalité. Être
catholique n’implique pas d’être papolâtre ni même d’être systématiquement
papophile.
Nous aimerions pouvoir mieux
aimer François ; son autoritarisme, sa méchanceté même pour ceux qu’il n’aime
pas, ne nous rend pas la chose aisée.
Et qu’en sera-t-il de son
successeur dont, à la différence de Benoît XVI, il s’occupe activement, méthodiquement,
de préparer l’élection ?
Mais les voies de Dieu sont
impénétrables et l’hétérotélie affecte aussi les desseins des papes. Alors,
gardons l’espérance !