Monsieur Vincent
Lambert
Emmanuel Hirsch,
professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Saclay, publie ce jour dans
la page « débats » du Figaro un nouvel article sur la mise à mort de
M. Vincent Lambert.
Cette utilisation jusqu’ici
inusitée du terme « Monsieur » est à la fois émouvante et pertinente.
Elle renforce ce qu’exprime admirablement le professeur Hirsch, dont j’extraie
ici quelques passages, l’intégralité de l’article méritant d’être lue :
« Jusqu’à ce jour M. Vincent Lambert a
témoigné, résolu à vivre dans le confinement d’une chambre d’hôpital, d’un
non-abandon, d’un non-renoncement à son existence. Personne ne peut affirmer
que cet acte de résistance est dénué de signification et que, sans être en
capacité de l’exprimer, il manifeste son attachement à être toujours présent. Cette
énigme interroge. »
Emmanuel Hirsch fait
observer que l’on n’a jamais pu discerner chez Vincent Lambert « le
syndrome du glissement reconnu comme l’expression du choix de la personne
qui décide elle-même de mourir. »
Il commente :
« La position péremptoire à laquelle aboutit une expertise
médico-scientifique exonérée de toute forme d’incertitude et de doute est la
négation de ce qu’est la part insoupçonnée de notre humanité, l’exigence de
dignité et de respect qu’elle nous impose ».
Notons d’ailleurs que de
très éminents spécialistes, qui auraient été disposés à prendre Vincent dans
leurs services spécialisés, ont contesté « l’expertise médicale » sur
laquelle se sont fondés les médecins acharnés à imposer la mort.
Sur le docteur Sanchez,
l’actuel médecin de la mort de Vincent, le professeur Hirsch écrit :
« Aujourd’hui, le médecin qui a annoncé, une
nouvelle fois, à M. Vincent Lambert qu’il a été légalement décidé de l’exclure
de la communauté des vivants, engage notre conception des principes d’humanité.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette législation de la
mort donnée, quel que soit notre profond respect de l’état de droit.
Nous ne pouvons pas non plus nous satisfaire d’une forme d’impudeur,
d’irrespect voire de maltraitance dans le suivi depuis 2013 de circonstances
humaines qui jamais n’auraient dû être arbitrées dans un contexte de soins
palliatifs. »
Sur le triste rôle du
gouvernement, ces lignes :
« Au moment où va être annoncé le projet de loi
relatif à la bioéthique, le message politique semble perdre de ce point de vue
en crédibilité. Il se veut soucieux de valeurs humaines fortes et intangibles,
alors que la position du gouvernement a été de saisir la Cour de cassation afin
que dans l’urgence elle valide le processus de sédation profonde et continue
jusqu’au décès d’une personne en situation de handicap neurologique. Nous n’étions
en rien condamné à la logique juridique menant à cette issue ».
Pour Vincent Lambert,
cet hommage :
« M. Vincent Lambert nous a transmis, à sa
façon, dans son étrange présence, celle d’un frère en humanité, une leçon de
dignité, une sagesse et peut-être l’idée d’une forme inédite, voire paradoxale,
de résistance éthique. »
« Chacun se devrait désormais de comprendre la
haute signification d’un symbole qu’incarnera cette mémoire de l’humain que M.
Vincent Lambert aura été parmi nous. Il nous oblige, au moment où de manière
paradoxale et trop souvent contradictoire, est évoqué comme un slogan l’idéal
de République exemplaire ».
Avec la pensée du
professeur Hirsch, l’expression de « médecine humaniste » prend
véritablement tout son sens, à rebours de ceux qui la détournent de sa
signification dans l’atroce inversion inhumaine de l’expression « mourir
dans la dignité ».
Si Vincent Lambert est
finalement sacrifié à l’idéologie de l’euthanazie, essentielle pour la
réalisation du « meilleur des mondes », cela aura été dans l’indignité
des actuels médecins de la mort.
Triste chose aussi qu’il
n’y ait eu dans l’épiscopat de l’Église catholique de France que trop peu de
voix pour parler sinon avec la compétence du professeur juif Emmanuel Hirsch,
du moins avec la même profondeur d’humanité.