À l’heure même
(13h30) où je m’apprêtais ce jour avant de fermer la radio, à me consacrer à ce
blog, j’entends que toute l’émission qui vient sur France-Inter va être
consacrée à l’affaire Maurice Audin re-soulevée par Emmanuel Macron. J’ai déjà
beaucoup lu et entendu sur cette affaire, suffisamment je crois. Je n’ai donc
pas à ce jour le goût d’en entendre encore ni d’en commenter les détails.
En revanche cela
me conduit à faire observer une fois encore combien la gauche, et surtout l’extrême-gauche,
par delà toutes ses tendances, ne renonce jamais à perpétuer férocement dans le
présent les conflits du passé jusqu’à l’éradication mémorielle de ses
adversaires. Et le « Du passé faisons table rase » n’est en effet
scandé, chanté, hurlé, qu’à des fins d’élimination ou de discrédit de la
mémoire des ennemis. Vainqueurs ou vaincus dans le passé, ces derniers doivent
être mémoriellement amnésiés ou définitivement déconsidérés.
Et la droite,
généralement, n’a hélas jamais compris, sauf exceptions, la nécessité du combat
de réplique mémorielle. Elle abandonne ainsi à ses féroces ennemis
totalitaires, le monopole de la légitimité des combats du passé.
La gauche
occulte alors ainsi ses abominations du passé et ses échecs du présent. Elle
maintient ainsi son fond de cohésion idéologique sur la déconstruction
systématique du passé réel et sur les mensonges de son passé recomposé.
Deux exemples à
méditer me suffiront pour aujourd’hui :
- Le premier,
celui de l’Espagne où ne subsiste plus aucune statue du général Franco, aucune
rue ou place portant son nom ou celui de José Antonio le fusillé
héroïque. Et la dépouille même du généralissime va être enlevée de ce lieu
unique et sans pareil de réconciliation nationale qu’est le Valle de los Caïdos.
- Le deuxième,
celui de la Russie où la charogne siliconée de Lénine est toujours
soigneusement entretenue sous son mausolée de la place Rouge et où abondent
partout ses statues. Cela facilite sans doute le maintien de la bonne entente
avec la Chine de Xi-Jinping « immense et rouge » comme le
voulut Mao.
Pour ce qui est
du « chantier mémoriel » lancé par Emmanuel Macron sur la guerre
d’Algérie, qu’en sera-t-il des victimes par dizaines de milliers du FLN en
comparaison de son traitement du cas du communiste et pro terroriste Maurice
Audin ?
Sans doute, une
fois de plus, après Chirac, Sarkozy, Hollande, le président de la République
témoignera-t-il le cœur sur la main de sa compassion pour les effroyables mises
à mort auxquelles furent abandonnées des dizaines de milliers de harkis.
Peut-être aussi
fera-t-il un rappel des assassinats et massacres de milliers de nos
compatriotes pieds-noirs ? Mais aura-t-on enfin la reconnaissance de la
complicité de crimes contre l’humanité du gouvernement français en 1962 ?
Dans le Figaro
du vendredi 14 septembre, Guillaume Perrault évoque « le cauchemar »
vécu par le million de Français d’Algérie qui eurent le choix entre « la
valise ou le cercueil ».
Il rappelle la
tuerie de plusieurs dizaines de civils français (plus de 60 morts et 200
blessés) par des soldats français le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger.
À Oran, le 5
juillet 1962, plusieurs centaines de civils français (entre 600 et 800 selon
les rapports) furent massacrés par des foules hystériques poussées par le FLN. Ceci,
sous les yeux de soldats français en grand nombre, atrocement immobiles. Le
général De Gaulle avait donné l’ordre de non-intervention au général Katz,
commandant le puissant corps d’armée d’Oran.
Dans la période
qui suivit, près de 3000 femmes et jeunes filles furent enlevées par la
soldatesque FLN. L’armée française, sur ordre toujours, ne fit rien pour les
retrouver.
Le journaliste
Georges-Marc Benamou traitant dans Paris-Match des massacres atroces de 80000
harkis, écrivit le 5 novembre 2003 : « Paris a systématiquement
entravé leur sauvetage. De Gaulle a été bel et bien complice d’un crime contre
l’humanité ». En effet, mais la qualification vaut aussi pour les
massacres d’Oran et les enlèvements sans retour, vers le pire, des 3000
femmes et jeunes filles. Les
crimes contre l’humanité sont imprescriptibles.
Or les
exterminations ci-dessus évoquées, planifiées, systématisées, et par leur
ampleur, relèvent de la définition même du crime contre l’humanité.
Les associations
de harkis et de pieds-noirs où sont nombre de fils et petits-fils de victimes
peuvent toujours porter devant la justice ces innombrables crimes contre
l’humanité ; fut-ce à titre posthume pour les coupables. Car il en va pour
le moins autant que l’affaire Maurice Audin de la vérité de l’histoire.
On attend de
voir ce que va maintenant faire Emmanuel Macron.