Rentré des pays Baltes
ce mercredi 26, le pape François a divulgué sa lettre aux catholiques chinois
sur l’accord passé par le Vatican avec le gouvernement de Xi Jinping.
Il leur signifie que
désormais l’Église catholique en Chine (qui a subsisté clandestinement pendant
soixante ans de persécutions communistes souvent atroces) devra se fondre dans
l’Église nationale que dirige « l’Association patriotique
catholique de Chine ». C’est ce qu’il appelle « dépasser les
oppositions du passé ».
L’Église nationale demeurera
entièrement sous la férule du parti communiste chinois comme le prouve ce jour
son communiqué. On peut y lire : « Nous maintenons le cap de la sinisation, nous adhérons à la voie de
l’adaptation à la société socialiste et, sous la conduite du Parti communiste
de Chine, nous travaillerons avec des gens de toutes les nationalités du pays
pour rendre compte de la grandeur de la nation chinoise ».
Certes, en retour, cette
Église inféodée au Parti reconnaît désormais le pape comme chef visible du
catholicisme. Et la nomination des futurs évêques proposés par l’Église patriotique,
mais sélectionnés par le Parti, devra obtenir l’agrément du Vatican. Certains, optimistes, pourront penser qu’il
s’agira surtout d’accommodements à trouver pragmatiquement et pour eux, sans
grande difficulté s’ils sont sur la ligne de Mgr Marcello Sanchez Sorondo, de
l’Académie pontificale des sciences sociales. Ce dernier, cher à François, n’a-t-il
pas en effet il y a quelques mois émis l’assertion pour le moins surprenante
selon laquelle le régime politique chinois était aujourd’hui le plus proche de
la doctrine sociale de l’Église !
On ne savait pas jusque
là que l’Église catholique au XXI° siècle pouvait se trouver en pareille
proximité sociale avec le plus gigantesque régime totalitaire et dictatorial de
notre temps, avec son parti unique dirigeant tout et surveillant tout le monde
dans une discipline de fer ; avec son président élu à vie et
sacralisé ; avec une politique d’avortements planifiés et obligatoires.
Cet accord intervient
par ailleurs à un moment de restriction des libertés en général (resserrement de
l’emprise de Pékin sur Hongkong) et des libertés religieuses déjà bien ténues,
(en particulier interdiction aux mineurs de fréquenter les églises,
fussent-elles officielles).
On comprend donc
l’immense désarroi des catholiques chinois toujours fidèles à Rome, après une
période de 60 ans marquée par d’incessantes et terribles persécutions et la
mort de dizaines de milliers d’entre eux sous la torture ou dans les camps de
travail du laogaï.
On comprend l’héroïque
cardinal Joseph Zen, ancien archevêque de Hongkong considérant cet
« accord » comme une « capitulation » du Vatican, une
« trahison » envers les catholiques clandestins d’une fidélité
inébranlable à Rome. On ne voit pas bien en effet comment François peut appeler
ces catholiques à la « réconciliation » alors qu’il n’y a pas en
réciprocité la moindre trace d’appel à pareille réconciliation de la part du
parti communiste dirigeant de l’État chinois et de toute la société.
Reprenant l’antienne
collaborationniste de toutes les organisations chrétiennes inféodées à des
pouvoirs révolutionnaires et notamment au parti communiste, François a invité
les catholiques chinois à être « de bons citoyens ». à se garder de
« toute opposition stérile ».
Bref, à être des
catholiques bien soumis comme on les aime dans tous les régimes totalitaires.
On sait aussi l’impact désastreux que peut avoir cette attitude vaticane sur la
situation des catholiques au Vietnam qui ont farouchement, et au prix de
nombreuses persécutions, maintenu leur Église dans la fidélité à Rome, refusant
toute mainmise du parti.
Étrangement, François,
avec l’humilité qui le caractérise, a de nouveau mis en avant ses actes comme
étant le fait « de l’Esprit qui
exige de nous que nous fassions un pas en avant ».
Comment mieux exprimer
que ne pas appliquer ses directives, c’est désobéir au Saint-Esprit ?
Chrétienté-Solidarité, en communion avec le cardinal Zen et
les catholiques chinois, exprime son affliction face à pareille
dialectique.