Alors que la Dépêche du
Midi titre à ce jour : « Imam
de Toulouse : la justice enquête », et que les autres médias
régionaux y vont aussi de leurs commentaires, on ne peut qu’être consterné par
ce que ce qu’ils révèlent d’ignorance des textes fondamentaux de l’islam.
Rappelons que l’affaire
remonte à l’inauguration en grande pompe le 23 juin dernier de la somptueuse
mosquée de Toulouse « Al Nour » en présence de toutes les autorités
régionales, civiles et religieuses ; et sur laquelle l’archevêque de Toulouse
avait peu après rapporté aux Dominicains de Rangueil son émotion d’avoir vécu
là « un moment de haute intensité spirituelle ».
En fait d’intensité
spirituelle, l’imam (ou iman) Mohamed Tataï avait notamment fait un sermon en
arabe, peut-être pas compris par tous mais entraînant de la part de certains,
connaisseurs de la langue arabe et des textes sacrés, une certaine
stupéfaction. Il s’agissait en effet, et c’est ainsi que Tataï se justifia et
que ses amis le défendirent, de versets tirés des Hadiths, ces « faits,
gestes et paroles » du prophète dont les recueils constituent le second
ensemble des textes sacrés de l’islam, après ceux du Coran dont ils ne sont
souvent qu’une reprise.
En l’occurrence, Tataï
avait choisi des versets bien connus, d’une grande hostilité à l’égard des
juifs. Et sur cela, que d’inexactitudes voire d’inepties ce jour dans les
commentaires, et surtout, puisque c’est de l’écrit, dans la Dépêche. L’éditorialiste
Jean-Claude Soulery explique ainsi : « Il s’agit de la lecture d’un « hadith », texte sacré qui fait
référence aux actes et paroles du prophète Mahomet, un texte qui a été restitué
par un imam du IX° siècle… ayant vécu plus de deux cents ans après la mort
dudit prophète ».
Comme le Coran en effet,
dont les premières versions écrites ne remontent guère avant le X° siècle, les
hadîths ont été collectés à peu près dans la même période (et par la suite) non
par « un imam » mais par plusieurs maîtres, appelés « traditionistes »,
ayant collecté les témoignages convergents de plusieurs compagnons du prophète,
transmis oralement.
Les deux plus grands
traditionistes sont Moslim et surtout El-Bokhâri dont le recueil appelé Sahîh (« l’authentique ») jouit
d’un prestige quasi égal à celui du Coran.
Jean-Claude Souléry sous
son éditorial titré Prêche Républicain
assène : « Comme le sont bien
souvent les passages de livres sacrés, ce texte incriminé est d’une désolante
lourdeur lyrique ».
C’est en effet le cas,
sauf qu’il y a de magnifiques textes sacrés, et surtout dans la Bible, qui ont
nourri avec ceux des grecs toute notre littérature universelle…
Ce qu’a cité Tataï et
traduit en français est un des multiples hadîths (il en faut plusieurs disant
la même chose, de plusieurs témoins pour en justifier l’authenticité) dans
lesquels le prophète Mahomet a ordonné le combat contre les juifs.
En l’occurrence, Al-Bokhâri
a rapporté que selon Abd Allah ben Umar ou selon Abu Hurayra, et selon d’autres
témoins encore (il faut une unanimité de témoignages, par-delà les mots
différents), le prophète a appelé à combattre les juifs. Tous ces hadîths
analogues évoquent l’image de la pierre derrière laquelle se cache un juif et à
qui le prophète fait dire : « Serviteur de Dieu ! Voici un juif
derrière moi, tue-le ! » (T. LVI, ch 94).
Observons que cette
exhortation de Mahomet que l’on retrouve dans tous les recueils de hadîths est
en parfaite concordance avec le Coran, et par exemple avec le verset 30 de la
sourate IX :
« - Les Juifs ont dit :
« Uzaïr est fils de Dieu ! »
-
Les
chrétiens ont dit :
« Le Messie est fils de Dieu ! »
… Que Dieu les
anéantisse !
Ils sont tellement
stupides ! »
On peut certes excuser
le très laïcard Jean-Claude Souléry de n’avoir pas de grande culture religieuse
et en particulier peu de connaissance de l’islam.
En revanche, on est plus
attristé lorsque, dans la même Dépêche, est interrogé le bien connu Gilles
Kepel en tant que « politologue, spécialiste de l’islam ». Pour ce
dernier, « les religions se sont
toujours servies de ce genre de texte pour justifier des massacres, y compris
les chrétiens à propos des infidèles et hérétiques ». Soit.
Mais quel besoin a-t-il
de justifier cela en disant : « On
se souvient du « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! ».
D’abord ces mots ne sont
dans aucun des textes de la Bible, seul livre sacré du christianisme : ni
dans l’Ancien Testament, ni dans le Nouveau Testament.
Ensuite, cette
exclamation, prêtée à un évêque de la croisade lors du massacre des habitants
de Béziers par les ribauds n’est authentifiée par aucun historien sérieux.
On sait bien qu’on est
là dans de l’apocryphe !
Comment Kepel peut-il ignorer
cela ?
Mais le plus grave n’est-il
pas que désormais en France, dans des centaines de mosquées se répande l’islam
qui, bien plus qu’une religion, demeure une idéologie totalitaire théocratique ?
N’en déplaise à ceux
qui, au mépris de sa réalité historique et actuelle, se bercent de l’illusion d’un
islam non politique.
PS : l’AGRIF
poursuit évidemment l’imam Tataï pour sa diffusion de propos appelant au
meurtre des Juifs et des Chrétiens.