mercredi 26 septembre 2018

Affaire de l’imam de Toulouse : suite judiciaires et… festival médiatique d’ignorance. Y compris les propos de Gilles Kepel !


Alors que la Dépêche du Midi titre à ce jour : « Imam de Toulouse : la justice enquête », et que les autres médias régionaux y vont aussi de leurs commentaires, on ne peut qu’être consterné par ce que ce qu’ils révèlent d’ignorance des textes fondamentaux de l’islam.

Rappelons que l’affaire remonte à l’inauguration en grande pompe le 23 juin dernier de la somptueuse mosquée de Toulouse « Al Nour » en présence de toutes les autorités régionales, civiles et religieuses ; et sur laquelle l’archevêque de Toulouse avait peu après rapporté aux Dominicains de Rangueil son émotion d’avoir vécu là « un moment de haute intensité spirituelle ».

En fait d’intensité spirituelle, l’imam (ou iman) Mohamed Tataï avait notamment fait un sermon en arabe, peut-être pas compris par tous mais entraînant de la part de certains, connaisseurs de la langue arabe et des textes sacrés, une certaine stupéfaction. Il s’agissait en effet, et c’est ainsi que Tataï se justifia et que ses amis le défendirent, de versets tirés des Hadiths, ces « faits, gestes et paroles » du prophète dont les recueils constituent le second ensemble des textes sacrés de l’islam, après ceux du Coran dont ils ne sont souvent qu’une reprise.

En l’occurrence, Tataï avait choisi des versets bien connus, d’une grande hostilité à l’égard des juifs. Et sur cela, que d’inexactitudes voire d’inepties ce jour dans les commentaires, et surtout, puisque c’est de l’écrit, dans la Dépêche. L’éditorialiste Jean-Claude Soulery explique ainsi : « Il s’agit de la lecture d’un « hadith », texte sacré qui fait référence aux actes et paroles du prophète Mahomet, un texte qui a été restitué par un imam du IX° siècle… ayant vécu plus de deux cents ans après la mort dudit prophète ».

Comme le Coran en effet, dont les premières versions écrites ne remontent guère avant le X° siècle, les hadîths ont été collectés à peu près dans la même période (et par la suite) non par « un imam » mais par plusieurs maîtres, appelés « traditionistes », ayant collecté les témoignages convergents de plusieurs compagnons du prophète, transmis oralement.

Les deux plus grands traditionistes sont Moslim et surtout El-Bokhâri dont le recueil appelé Sahîh (« l’authentique ») jouit d’un prestige quasi égal à celui du Coran. 

Jean-Claude Souléry sous son éditorial titré Prêche Républicain assène : « Comme le sont bien souvent les passages de livres sacrés, ce texte incriminé est d’une désolante lourdeur lyrique ».

C’est en effet le cas, sauf qu’il y a de magnifiques textes sacrés, et surtout dans la Bible, qui ont nourri avec ceux des grecs toute notre littérature universelle…

Ce qu’a cité Tataï et traduit en français est un des multiples hadîths (il en faut plusieurs disant la même chose, de plusieurs témoins pour en justifier l’authenticité) dans lesquels le prophète Mahomet a ordonné le combat contre les juifs.

En l’occurrence, Al-Bokhâri a rapporté que selon Abd Allah ben Umar ou selon Abu Hurayra, et selon d’autres témoins encore (il faut une unanimité de témoignages, par-delà les mots différents), le prophète a appelé à combattre les juifs. Tous ces hadîths analogues évoquent l’image de la pierre derrière laquelle se cache un juif et à qui le prophète fait dire : « Serviteur de Dieu ! Voici un juif derrière moi, tue-le ! » (T. LVI, ch 94).

Observons que cette exhortation de Mahomet que l’on retrouve dans tous les recueils de hadîths est en parfaite concordance avec le Coran, et par exemple avec le verset 30 de la sourate IX : 

« -    Les Juifs ont dit :
« Uzaïr est fils de Dieu ! »
-        Les chrétiens ont dit :
« Le Messie est fils de Dieu ! »
… Que Dieu les anéantisse !
Ils sont tellement stupides ! »

On peut certes excuser le très laïcard Jean-Claude Souléry de n’avoir pas de grande culture religieuse et en particulier peu de connaissance de l’islam.

En revanche, on est plus attristé lorsque, dans la même Dépêche, est interrogé le bien connu Gilles Kepel en tant que « politologue, spécialiste de l’islam ». Pour ce dernier, « les religions se sont toujours servies de ce genre de texte pour justifier des massacres, y compris les chrétiens à propos des infidèles et hérétiques ». Soit.

Mais quel besoin a-t-il de justifier cela en disant : « On se souvient du « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! ». 

D’abord ces mots ne sont dans aucun des textes de la Bible, seul livre sacré du christianisme : ni dans l’Ancien Testament, ni dans le Nouveau Testament.

Ensuite, cette exclamation, prêtée à un évêque de la croisade lors du massacre des habitants de Béziers par les ribauds n’est authentifiée par aucun historien sérieux. 

On sait bien qu’on est là dans de l’apocryphe !

Comment Kepel peut-il ignorer cela ? 

Mais le plus grave n’est-il pas que désormais en France, dans des centaines de mosquées se répande l’islam qui, bien plus qu’une religion, demeure une idéologie totalitaire théocratique ? 

N’en déplaise à ceux qui, au mépris de sa réalité historique et actuelle, se bercent de l’illusion d’un islam non politique.

PS : l’AGRIF poursuit évidemment l’imam Tataï pour sa diffusion de propos appelant au meurtre des Juifs et des Chrétiens.