vendredi 29 septembre 2017

Macron : « Le dernier (presque) empereur ».



À l’évidence, Emmanuel Macron fait partie de ces hommes politiques intimement persuadés qu’ils tracent la route d’une destinée historique impériale. 

Le grand philosophe catholique René Girard a abondamment traité de l’importance du mimétisme non seulement dans la formation de la personne dès le plus jeune âge mais aussi bien des comportements individuels et collectifs. Chez nombre de personnages politiques transparaît l’importance de l’imaginaire mythique qui les inspire plus ou moins consciemment.

Ainsi, la continuité d’attitudes mimétiques de celles des « grands ancêtres » de la République, telles que sans doute assez justement déduites au théâtre ou au cinéma de la grandiloquence des discours de personnages se drapant, altièrement, dans les vertueuses ostentations des Robespierre et Saint-Just.

Beaucoup d’observateurs ont de même noté l’évidence de l’importance du mimétisme bonapartiste chez Emmanuel Macron. Sans doute a-t-il un peu de l’énergie du jeune général de la Révolution devenant Premier Consul. Et sa gestuelle évoque-t-elle ce que l’on a pu restituer à la scène de celle du futur empereur. 

On a aussi observé combien Macron semble affectionner de revêtir les tenues diverses des différents corps qu’il visite : treillis militaire bien seyant et autres. 

Il me rappelle un peu ainsi les usages de Saddam Hussein qui ne se déplaçait jamais sans son photographe préféré qu’il m’arriva de rencontrer à Bagdad. Chaque soir, à 22 h s’il m’en souvient bien, l’émission de la télévision d’État se terminait durant un bon quart d’heure avec le défilé rétrospectif des photos préférées de Saddam : on le voyait bien sûr dans son uniforme militaire habituel mais encore en treillis de combat avec sa kalachnikov puissamment portée à bout d’un seul bras, on le voyait en aviateur, en tankiste, en chamelier, mais on le découvrait aussi nageant vigoureusement dans le Tigre comme jadis Mao dans le Yang-Tsé. 

Il apparaissait également en chef de l’État en très chic costume européen, ou encore en bon père de famille en tenue d’été comme chez nous, avec ses enfants autour d’une braserade à l’irakienne. Saddam était filmé encore en cinquante autres tenues. Même en pêcheur à la mouche !     

À vrai dire, dès l’irruption de la civilisation de la photo et du film, tous les dictateurs ont aimé de même, non sans raison, se faire voir de leur peuple : histoire en effet de montrer qu’ils en sont comme les bienveillants détenteurs de toute la diversité.

Quelque chaîne de télévision pourra peut-être ainsi de même terminer une soirée avec Macron en maints habillements en moult circonstances, avec ou sans Brigitte. 

Macron n’est pas tout à fait dans le registre « pipol » de Sarkozy. Ce qu’il veut, à n’en pas douter, c’est que soit essentiellement donnée de lui une auguste image euro-impériale. 

Voilà pourquoi il ne nous semble pas très important de débattre sur les qualifications idéologiques que l’on peut lui imputer : libéral ou socialiste ? De droite ou de gauche ? étatiste ou fédéraliste ? En réalité, il est pour l’heure une sorte de libéral-socialiste-fédéralo-eurocratique. Il est sociétalement révolutionnaire et socialement capitaliste. 

Mais ce que cet autoritaire, à ses heures plein de suffisance, veut imposer avant tout, c’est la figure de l’empereur Macron.