mercredi 28 juin 2017

Avis favorable du CCNE pour l’extension de la PMA : perversion de la science et nihilisme politique.


Le Comité Consultatif National d’Ethique a rendu hier son avis sur l’utilisation de la procréation médicalement assistée (PMA) sans père, c’est-à-dire pour les paires de lesbiennes et les femmes seules : il fallait malheureusement s’y attendre, l’avis fut favorable. Cela n’a rien d’étonnant : après un avis défavorable émis en 2013, l’intégralité des membres de ce comité fut remplacée sous le mandat de François Hollande, afin d’en garantir la docilité idéologique. Le président Macron disait attendre cet avis pour « assurer dans la société un vrai débat, pacifié et argumenté » sur l’extension de cette technique, initialement prévue pour les couples hétérosexuels dits « infertiles ». Ce « vrai débat » serait préalable à la révision des lois bioéthiques prévue en 2018. Il faudra vraisemblablement réactiver toutes les forces vives des résistants à la dénaturation généralisée pour tenter d’entraver ce processus du pire, dans la continuité de la mortifère loi Taubira.

Comme il est de règle dans la modernité nihiliste, toute technique scientifique est vouée à être détournée à des fins perverses par des minorités agissantes : ici, des groupuscules LGBT réclamant un hallucinant « droit à l’enfant ». La nature et le réel doivent donc céder devant le caprice des égos débarrassés de toute limite et de toute morale ! Il s’agirait donc d’accepter que des lesbiennes ou des femmes seules bénéficient d’une « fertilité de convenance » (l’expression vient des AFC) d’où le père est définitivement évacué, réduit à d’anonymes gamètes. Cela tient à la fois du fantasme d’auto-engendrement et d’affranchissement de toute contrainte naturelle (la femme se duplique symboliquement « elle-même », elle se « libère » du réel pour devenir sa propre source) et de la pathologique haine des hommes et du masculin (plus besoin de mâles physiquement présents pour procréer).

Cette légalisation serait une étape en plus dans la marchandisation de l’humain : la technique médicale se met au service du désir individuel, donc est automatiquement saisie par le libéralisme de marché comme un nouveau créneau de vente pour de nouveaux consommateurs, les législations nationales n’étant que de vulgaires obstacles comme les barrières douanières, les signes d’un protectionnisme réactionnaire qui ne va pas dans le « sens du Progrès ».

Cela indique aussi toute la dérive de nos sociétés déboussolées où les institutions deviennent distributrices de « droits à », potentiellement illimités en nombre comme en contenu, puisque le seul principe à respecter est celui de l’égalité des individus. C’est d’ailleurs l’argument tactique des groupes LGBT : ouvrir la PMA aux inverties et aux femmes seules serait une « mesure d’égalité ». Il n’y a plus de morale commune, de règles éthiques déterminées servant à orienter la société vers le Bien commun, seulement l’égalitarisme, l’individualisme et le relativisme des valeurs, qui impliquent la non-discrimination entre les réclamations de droits, y compris les plus démentes. Les vagues barrières qui résistent, comme le refus de la gestation pour autrui (GPA) par le CCNE, sont tragiquement destinées à tomber les unes après les autres tant que le principe libéral-socialiste qui régente la vie publique ne changera pas.

C’est ce paradigme égalitarisme-individualisme-relativisme qui laisse advenir progressivement toutes les dérives anti-naturelles, en particulier celles que réclame le courant du transhumanisme porté par des docteurs Frankenstein de la Silicon Valley et leurs idiots utiles, tel le philosophe narcissique Luc Ferry. Dans la PMA et la GPA sont en puissance des pratiques d’eugénisme de masse dans lesquelles la « fabrication » d’humains sera une bio-industrie comme une autre. L’homme sera ainsi ravalé au rang de ce que l’écrivain Renaud Camus appelle la Matière humaine indifférenciée, du stade embryonnaire au stade du consommateur aussi standardisé, dans l’illusion de ses droits illimités, que les produits qu’il ingère.

C’est donc ce paradigme-là, cette idéologie-là, qu’il faut affronter, comme toute la tradition intellectuelle de la vraie droite le fait depuis 1789. Sans passéisme mais sans compromission morale.

Pierre Henri