mercredi 26 avril 2017

Les Républicains : de la défaite au déshonneur.


Il aura fallu moins de 45 minutes au candidat vaincu François Fillon et à la majorité des dirigeants du parti Les Républicains pour offrir aux Français le révulsant spectacle d’une « droite » qui, non contente d’être confite dans sa bêtise obstinée, trahit ses électeurs, brade les principes qu’elle prétend défendre, s’avilit à faire voter pour l’ennemi, à plat ventre devant les impératifs de la gamelle ou les réflexes de la lâcheté morale.

A aucun moment nous n’avons participé à la curée contre François Fillon, les pratiques abjectes du conglomérat des juges et journalistes de gauche nous répugnant au plus au haut point. Certains de nos proches ont pu voter pour lui au premier tour pour empêcher Macron d’arriver au second. Une part considérable de l’électorat traditionnel des catholiques de droite (public que l’on vit jadis aux Manifs pour tous et naguère au Trocadéro pour défendre, légitimement, François Fillon pourtant accablé) a voté sincèrement pour lui. Ce sont des attitudes que nous comprenions parfaitement et, avec Richard Haddad, dans nos émissions de la Réplique sur Radio Libertés, nous nous sommes efforcés de défendre les diverses positions possibles de la droite de conviction pour cette élection présidentielle.

 Mais le voir, défait à tous les sens du terme, se précipiter pour appeler à « faire barrage au FN en votant Macron » dépasse l’entendement : voter pour son ennemi principal, mis en place par Hollande dont le fameux « cabinet noir » serait à l’origine des ennuis judiciaires de Fillon ? Voter pour le tenant de non-idées ou d’idées inverses que de ce que Fillon disait défendre (restriction de l’immigration, fermeté contre le « totalitarisme islamique ») ? Voter pour celui qu’une importante proportion des électeurs LR veulent encore moins qu’un Fillon englué des les affaires ? Est-ce un état pré-dépressif qui conditionne cette déshonorante attitude ?

            Il faut croire que non puisque, derrière Fillon, les autres figures du parti se sont précipitées dans le soutien à Macron : le frangin chiraquien François Baroin, le transparent Copé, l’arriviste de gauche NKM, Juppé, Xavier Bertrand, Raffarin, Le Maire, et aujourd’hui Sarkozy, tous s’y sont mis, sans pudeur, sans vergogne, sans respect. Même le faux dur Longuet qui souhaite « l’échec de Marine Le Pen » ! Les plus gamellards se vendent déjà à celui qu’ils voient remporter l’élection, comme le consternant Christian Estrosi, appelant à sortir les conservateurs du parti LR (donc les gens de droite de la droite…) et se disant prêt à entrer dans un gouvernement Macron, ou comme Baroin, se voyant déjà Premier Ministre en cas de cohabitation. Seuls Wauquiez, Ciotti, Morano et quelques autres parlementaires se retiennent un minimum et restent sur le « ni-ni ». Cela fait peu pour envisager l’avenir d’un « grand parti de droite de gouvernement » dont l’implosion et/ou la scission deviennent vraisemblables, entre les quelques tenants d’une droite de conviction qui subsistent tant bien que mal et la masse des apparatchiks visiblement désireux de faire du giscardisme 2.0. Merci, mais sans nous !

            La synthèse de ce grand déshonneur a été donnée par la phrase hallucinante du nuisible Luc Chatel, relevée par Libération de ce lundi : « l’honneur de la droite française était précisément d’avoir le courage, parfois, de ne pas suivre ses électeurs ». Amis lecteurs de ce blogue, méditez bien cette phrase, proférée par un triste énergumène, et répétez-la aux indécis : ces politiciens vous méprisent et vous trahissent, bafouent leurs promesses, ont l’outrecuidance d’appeler cet avilissement « honneur » et reviendront demander vos voix comme si de rien n’était ! Je vous laisse le soin d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

Pierre Henri