Déclaration de Bernard Antony – Paris 28
février 2017
La campagne des élections présidentielles
de 2017 aura été marquée par les insanes déclarations du candidat, encore
ministre il y a peu, Emmanuel Macron. Non content d’avoir émis la fantastique
ineptie selon laquelle il n’y avait pas de culture française (en meeting à Lyon
le 4 février), aggravée à Londres le mardi 21 février (« l’art français,
je ne l’ai jamais vu »), ce personnage en rajouta à l’expression de son
mépris pour notre patrie en osant proférer, à Alger le 14 février, que la
colonisation de l’Algérie avait constitué un « crime contre
l’humanité ».
Certains ont pu se demander si cela était
le fait d’une ignorance abyssale de l’histoire de l’Algérie ou une ignoble
tentative de séduction du gouvernement Bouteflika et des populations
algériennes de part et d’autre de la Méditerranée. La vérité est que les deux
hypothèses ne sont pas contradictoires mais tristement convergentes. En effet,
avant d’émettre ce mensonge injurieux pour l’œuvre de notre patrie en Algérie,
Macron aurait dû pour le moins se faire un peu instruire de la vérité
historique sur ce pays. Il aurait pu apprendre de la grande historienne juive
Bat Ye’Or que la difficile conquête arabo-islamique de l’Afrique du nord fut
marquée par d’atroces exterminations génocidaires des populations berbères
indigènes chrétiennes ou juives. Il aurait pu apprendre ce qu’il en fut ensuite
de la colonisation turque, avec la domination féroce des pirates barbaresques,
vouant les personnes enlevées par dizaines de milliers le long des rivages
européens aux bagnes, aux harems et aux pires supplices pour les moindres
gestes ou paroles d’insoumission.
Macron aurait pu apprendre que la
colonisation française, non certes sans imperfections et brutalités, fut
d’abord une œuvre de décolonisation et de rupture de l’oppression
turco-ottomane sur les populations arabes et surtout kabyles, libératrice de
milliers d’Européens réduits à l’état d’esclaves domestiques et sexuels dans
des conditions souvent atroces. Il aurait pu apprendre que, si de dures
répressions d’abord, puis des actions injustes et vexatoires à l’égard des
populations indigènes furent en effet initialement perpétrées au XIX° siècle,
elles ne sauraient être confondues avec toute la colonisation dont bien des
réalisations furent admirables. Mais les aberrations politiques dans le
gouvernement des peuples d’Algérie résultèrent de l’idéologie colonialiste de
la gauche jacobine, maçonnique, radicale-socialiste et affairiste des Jules
Ferry et autres Viviani, férocement anti-catholiques.
Aussi Macron aurait pu éviter de privilégier
la tombe de l’acteur Roger Hanin, cynique désinformateur avec son « Train
d’enfer », pour méditer à la mémoire des Français enterrés en Algérie. Il
aurait pu évoquer toutes les tombes : celles des chrétiens comme celles
des juifs et aussi toutes celles qui ont été saccagées, et toutes les
sépultures dont ont été privés les dizaines de milliers de musulmans victimes
du seul grand crime contre l’humanité qui ait été perpétré en Algérie :
l’extermination génocidaire de cent cinquante mille harkis et simultanément les
indicibles atrocités qu’ont subi tant de nos compatriotes pieds-noirs,
notamment les femmes d’Oranie, enlevées par milliers pour subir les pires
abominations.
Mais s’il y a bien une chose que l’on doit
reprocher à l’Etat français, c’est la complicité de crime contre l’humanité qui
fut celle, en 1962, de ses dirigeants, du général de Gaulle et de son
gouvernement solidaire, donnant à notre puissante armée victorieuse l’ordre,
d’une honte sans pareille, de demeurer dans ses quartiers alors que se
déroulaient massivement des actes génocidaires d’une cruauté indicible.
Il
va donc de soi que l’on ne saurait faire à M. Macron l’honneur de considérer un
seul instant son programme. Son propos sur l’inexistence selon lui d’une
culture française le disqualifie, et celui sur le soi-disant crime contre
l’humanité perpétré par la colonisation française le condamne devant l’histoire
à l’indignité nationale.
On ne saurait s’étonner que François
Bayrou ait rallié ce Macron. Ce triste personnage de mon Béarn se dit chrétien
à titre strictement personnel mais refuse une pratique de la religion autre que
strictement privée et c’est ainsi qu’il considère lui aussi, comme Jacques
Chirac, qu’il n’y a pas de loi morale au-dessus des lois de la République.
Ce qui est le fondement même de tous les
totalitarismes et des tyrannies de tous les Créon de l’histoire, ayant en commun
de faire fi de la loi morale éternelle invoquée par Antigone et explicitée dans
le Décalogue, socle de la morale judéo-chrétienne et universelle.
Ainsi le laïcisme de Bayrou, à la hauteur
de ceux du Grand orient de France ou des partis marxistes-léninistes, est-il
d’une férocité sectaire telle qu’il se ridiculisa en protestant, tout comme
Mélenchon, contre le fait qu’après la mort de Jean-Paul II aient été mis en
berne les drapeaux sur nos édifices publics.
Difficile de mieux exprimer une sorte de
mépris de sans-culotte pour l’âme chrétienne de la France !
Et on se souvient aussi non pas seulement
de son acceptation de la loi Veil mais de son éloge de l’IVG comme acte
d’émancipation de la femme !
Ainsi, le duo Macron-Bayrou exprime-t-il
fondamentalement une parfaite complicité dans la haine nihiliste de nos valeurs
chrétiennes, nationales et humaines.
Pas plus que nous ne commenterons donc les
positions de l’indigne Macron, nous ne commenterons celles de l’archéo
sans-culotte et néo-bolchévique Mélenchon et celles de l’islamo-gauchiste
Hamon.
Il nous revient donc de jauger
aujourd’hui les programmes des deux
candidats non nihilistes susceptibles de sortir au soir du premier tour pour
affronter le duel final. Tout indique que Marine le Pen obtiendra le meilleur
résultat de ce premier tour. Au moment où nous parlons, sauf immense surprise
créée par un résultat totalement inattendu de Nicolas Dupont-Aignan, si ce
n’est pas Macron qui arrive hélas en deuxième position après Marine Le Pen, ce
sera très possiblement François Fillon.
Nous avons déjà aujourd’hui suffisamment
de connaissance des programmes de Marine le Pen avec ses 144 engagements, et de
François Fillon avec son discours programme et ses autres déclarations
programmatiques pour les évaluer respectivement et éclairer ainsi une
motivation de vote. Étant donné que sur l’essentiel on perçoit moins de
fondamentales divergences de Dupont-Aignan avec Le Pen qu’avec Fillon.
Nous avons retenu 11 points de politique
selon nous essentiels et sur lesquels nous attribuons une notation de 0 à 5.
1) Sur une politique de respect de la vie
innocente, ni Le Pen ni Fillon ne peuvent être notés positivement. L’un comme
l’autre ont affirmé sans la moindre restriction l’intouchabilité de la loi Veil
de banalisation de l’avortement. Ils n’ont pas non plus formulé de justes
réflexions sur le respect de la vie en phase terminale.
Notre notation : 0 à 0
2) Sur la question de l’immigration, les propositions de
Fillon sont timides : une politique de quotas mais pas de remise en cause
réelle du droit du sol ni du principe de la double nationalité.
Notre notation : 5 à Le Pen, 1 à Fillon
3) Sur le défi de l’islam, Fillon a au moins le mérite
d’avoir enfin désigné « le totalitarisme islamique », c’est-à-dire la
nature fondamentale de l’islam. Marine Le Pen n’aborde pas cela, ni la
dangerosité mimétique des textes sacralisés de l’islam, Coran et Hadîths, qu’il
ne faudrait, selon nous, plus pouvoir éditer sans qu’y figurent des incitations
à une lecture critique. Ainsi qu’il est fait pour Mein Kampf.
Mais Marine Le Pen va plus loin que Fillon dans ses
engagements sur la question de ce qu’elle appelle elle aussi
« l’islamisme » et qui est selon les degrés l’islam fondamental,
radical, jihâdiste et terroriste. Elle a le mérite de vouloir interdire le
financement étranger comme le financement public des mosquées.
Notre notation : 4 à Le Pen, 4 à Fillon
4) Sur l’éducation et la culture, Marine Le Pen entend
« rétablir la liberté de scolariser ses enfants selon ses choix ».
C’est bien mais un peu vague. Et on sait qu’elle n’est pas en faveur de la
réforme, selon nous fondamentale, du « chèque scolaire ».
Sur le contenu de l’enseignement et de l’esprit, les
deux candidats expriment à peu près la même chose : nécessité d’un retour
prioritaire dans l’enseignement primaire aux savoirs fondamentaux (lecture,
orthographe, calcul). Remise en honneur de l’apprentissage et de l’alternance.
Sur la culture, il n’y a pas grand chose dans les
engagements de Marine Le Pen et Fillon évoque sans plus de précisions son
attachement à la production de richesses.
Notre notation : 3 à Marine Le Pen, 3 à Fillon
5) Sur l’abolition de l’eurocratie, le retour aux
libertés nationales, la construction d’une Europe des patries nous approuvons
évidemment Marine Le Pen. Mais nous regrettons qu’elle ne propose pas
l’édification, selon nous nécessaire, de « pactes d’intérêt commun »
pour la sécurité ou pour la prospérité économique.
Fillon ne remet pas en cause l’Union ni les mécanismes
de son fonctionnement. Simplement veut-il renégocier le traité de Schengen.
Notre notation : 4 à Marine Le Pen, 1 à Fillon
6) Sur la politique étrangère, Marine Le Pen exprime pour
l’instant de grands principes en faveur d’un monde « multipolaire »,
et comme l’expose son conseiller, Jean Messilla, pour que la France soit
« une puissance d’équilibre selon les canons gaulliens ». La formule
ne nous fascine pas. Nous approuvons ses désirs de renforcement des liens avec
les peuples francophones et de co-développement avec les pays d’Afrique. Nous sommes
aussi plutôt d’accord avec ses orientations sur Israël et sur le Liban mais
nous sommes beaucoup plus réservés sur sa réflexion insuffisante sur l’avenir
de la Syrie, comme nous l’avons par ailleurs plusieurs fois développé.
Il y a pour l’instant, en matière de politique
étrangère, plus de convergence que de divergence entre les orientations de
Marine Le Pen et de François Fillon. Il n’y a notamment rien, chez l’un comme
chez l’autre, sur l’abomination totalitaire de la Chine et ses menaces. Rien
véritablement non plus sur les nécessités de réciprocité à exiger des pays
d’islam.
Notre notation : 3 à Marine Le Pen, 3 à Fillon
7) Sur l’économique, le social et le syndical.
En matière économique et sociale, nous n’approuvons
pas l’étatisme néo-socialiste de Marine Le Pen ni ses positions aberrantes sur
les retraites et les temps de travail. Seul point selon nous positif : sa
proposition pour « la liberté syndicale, par la suppression du monopole de
représentativité » et la « moralisation de la vie syndicale par un
contrôle public du financement des syndicats ».
Fillon nous paraît en ces domaines plus positivement
réformateur, hélas pas pour ce qui est du syndicalisme.
Notre notation : 1 à Marine Le Pen, 4 à Fillon
8) Organisation territoriale et administrative de la
France.
Marine Le Pen est toujours sur la ligne jacobine,
centralisatrice, départementaliste de son père. On sait que pour notre part nous
défendons la suppression et des régions et des départements actuels pour la
réanimation de la France par la création d’une quarantaine de généralités,
fondées sur les continuités historiques et les réalités modernes. On peut
s’inspirer en ce domaine de l’exemple japonais.
À le lire, Fillon est tout de même plus ouvert à une
réanimation des territoires par des mesures de décentralisation.
Notre notation : 0 à Marine Le Pen, 1 à Fillon
9) Sur l’agriculture.
Tous les gouvernements de la cinquième République dans la continuité de
ceux de la quatrième ayant accepté le leurre de la Politique Agricole Commune
(PAC), ont mené ce qui relève d’un véritable génocide de notre agriculture
alors même que la terre de France est la plus précieuse des richesses
fondamentales de notre pays.
Hélas, le syndicalisme agricole officiel de la FNSEA, sans cesse
politiciennement acheté, a accompagné cette politique objectivement criminelle
dans la spirale de l’incessante recherche de productivité écologiquement
désastreuse et simultanément de l’imposition
de quotas avec pour corollaire l’incessante diminution du nombre des
exploitations et la désertification rurale.
On voit mal comment Fillon pourrait vraiment faire autre chose que ce qu’il
a déjà fait ou plutôt que ce qu’il n’a pas fait, ne voulant pas sortir du
carcan eurocratique de la PAC et de la complicité avec le syndicalisme
officiel.
On peut regretter que Marine Le Pen n’ait pas fixé comme objectif la
nécessaire diminution de la politique de subvention par le passage progressif à
une politique de vérité des prix, condition fondamentale d’une agriculture
libre. Elle n’a pas non plus remis en cause à ce jour le rôle du syndicalisme
officiel.
Notre notation : 2 à Marine, 0 à Fillon
10) Réforme de la justice.
Nous approuvons totalement les propositions de Marine
Le Pen et notamment sa volonté de supprimer l’École Nationale de la
Magistrature (ENM), véritable creuset de conditionnement totalitaire des
magistrats. Cela devrait aller aussi avec la suppression des lois dites
antiracistes alors que s’est imposée l’évidence, si dénoncée par l’AGRIF, que
l’antiracisme, de plus en plus nihiliste, est un racisme en sens contraire.
Marine Le Pen entend créer 40 000 places de prison supplémentaires. Mais
le budget pour cela ?
Fillon s’engage pour 16 000. Trop peu à
l’évidence. Mais on peut regretter qu’aucun des deux ne propose le
rétablissement hardi de formes plus humaines de privation de liberté que la
prison, à savoir des détentions dans de vastes camps de travail ou dans des
îles vides de populations telles que les Kerguelen.
Notre notation : 3 à Marine, 2 à Fillon
11) Sécurité et défense nationale.
Marine Le Pen et Fillon proposent globalement les même mesures de
renforcement des moyens et donc des budgets.
Outre cela, on peut approuver la volonté de Marine Le Pen de
sortie de la France de l’O.T.A.N. Mais elle reste floue sur le système
d’alliance nécessaire face aux dangers qui pèsent sur la France et les nations
européennes.
Notre notation : 4 à marine Le Pen, 2 à Fillon.
Sur ces chapitres fondamentaux, le nombre de points que nous avons
attribués à Marine est de 29 et de 21 pour Fillon.
Notons que ce que préconise Nicolas Dupont-Aignan le place sans
doute plus près de Marine Le Pen que de Fillon.
En conclusion, l’Institut du Pays Libre présente sa notation comme
élément de décision à tous les proches, militants de la droite de conviction et
amis.
Mais naturellement, d’autres critères entrent certainement en
ligne de compte pour le choix d’un bulletin de vote et notamment l’idée que
l’on se fait de la personnalité des candidats, de leur courage, de leur
intelligence, de leur droiture, de leur aptitude à affronter les tempêtes, de
la place qu’ils semblent accorder aux valeurs du Décalogue.
Pour sa part Bernard Antony, ayant exposé ses réserves et ses
raisons, votera pour Marine Le Pen. Certains de ses amis lui ont demandé, et il
l’accepte bien volontiers, d’exprimer qu’au premier tour seulement ils voteront
pour leur part pour Fillon dans la crainte que Macron ne soit au second tour
non sans alors la possibilité de l’emporter. Car tout autant que celle de Hamon
ou de Mélenchon, l’élection de Macron serait une grande satisfaction pour
madame Houria Bouteldja et pour monsieur Bouteflika. Mais une bien triste chose
encore pour la France.