Vincent Peillon est de retour, et on en a pour son argent
public. Ministre de l’Education Nationale entre 2012 et 2014, franc-maçon
chimiquement pur, tendance Pierre Simon (qui était pourtant à la Grande Loge…),
auteur d’un livre intitulé La Révolution
française n’est pas terminée (Seuil, 2008) rempli d’un fatras de propos
hallucinés et d’envolées gnostico-franmac, le tout enveloppé d’un jargon
d’agrégé de philosophie (« La
Révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui
n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et
l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple
français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un
brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau », j’en passe et des
pires dans cette confiture pour initié du Grand Orient), Vincent Peillon, plein
de morgue, rendrait Mélenchon sympathique, et presque bon paroissien, tant il
n’arrive pas à dissimuler sa haine anti-chrétienne. Pour preuve une collection
de propos, dignes d’un René Viviani en plus hargneux, tels que ce « on ne pourra jamais construire un pays de
liberté avec la religion catholique » (ibid.).
Ses propos sur le plateau du journal de 20h de France 2,
hier soir, ont suscité des remous de part et d’autre, et on comprend rapidement
pourquoi. Verbatim : « si
certains veulent utiliser la laïcité, et ça a déjà été fait dans le passé,
contre certaines catégories de population, c’était il y a 40 ans, les juifs à
qui on mettait l’étoile jaune, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos
compatriotes musulmans, qu’on amalgame d’ailleurs souvent avec les islamistes
radicaux. C’est intolérable ! » On apprend donc, dans cette période cicéronienne, que sous Giscard
les juifs portaient l’étoile jaune, que le régime de Vichy (du maréchal
Giscard, donc…) avait érigé la laïcité en pilier de la Révolution nationale, et
que les musulmans d’aujourd’hui sont traités comme les juifs d’hier. « Votez, votez votez votez pour moi »,
eût chanté Enrico Macias s’il eût été directeur de campagne de Peillon. C’était
un peu trop pour une seule phrase, et Peillon le méprisant dut être surpris du
tir de Katioucha que son empilement d’inepties a suscité en moins d’un jour.
Ainsi, le CRIF (alias « touche pas à
mon unicité victimaire ») a publié dès ce matin un communiqué pour
« dénoncer la comparaison »
et exiger « une clarification et un
correctif immédiat » de la part de l’ancien ministre : « L'histoire de la
déportation de plus de 75 000 Juifs, de la spoliation des biens juifs ou des
lois discriminatoires comme le port de l'étoile jaune ne saurait être dévoyée
et instrumentalisée au nom d'un soi-disant équilibre des souffrances. De telles
déclarations ne servent que ceux qui cherchent à réécrire l'Histoire ». L’étiquette infamante de négationniste lui
pendrait presque au nez ! Et l’on vit même, sur Twitter, à l’unisson,
Florian Philippot (« attaque très
grave de Peillon contre la laïcité ») et Caroline Fourest (« en quoi Vichy était laïque ? »)
défendre la laïcité attaquée par cette analogie nauséabonde. Et Peillon de
patauger dans une mise au point bancale…
Le reste de ses propos, pourtant
peu relevé par les commentateurs, est du même acabit : ce sont Marine Le
Pen et le Front National qui « détournent »
le sens des mots, « le problème,
c’est le fascisme rampant de Madame Le Pen » (il rampe puisqu’il sort
du ventre fécond de la bête immonde). Et la perle : « par exemple, elle [Nda : Marine Le
Pen] dit "je suis patriote".
Vous savez quel est le sens du patriotisme en France ? C’est précisément
l’internationalisme […] être
patriote, c’est aimer la France en tant que patrie universelle ». Quel
est donc le rapport entre l’internationalisme et la « France, patrie
universelle » ? Quelle est donc aussi cette version tronquée de
l’histoire qui donne au mot patriotisme le sens uniquement révolutionnaire, en
en tordant d’ailleurs la signification jacobine en un internationalisme
chimérique (sauf à penser que l’internationalisme jacobin préfigurait
celui du communisme, c’est-à-dire une propagation contagieuse…) ? Peillon ne
change donc pas, sa prose d’exalté de l’an II et son minable racolage de
l’électorat musulman sont dans la logique de son idéologie de détestation du
christianisme et de brouet mystique de la rue Cadet.
Pierre Henri