jeudi 19 mai 2016

Réflexions du jour : musique à Verdun ; le Pape et la Chine



L’Orchestre du Divan au centenaire de Verdun

L’on apprend en ce jour que c’est le grand chef d’orchestre Daniel Barenboïm, à la tête de son fameux West-Eastern Divan Orchestra, qui dirigera le concert lors de la cérémonie de commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, le 29 mai prochain, en présence de François Hollande et d’Angela Merkel. On peut gager qu’un brillant artiste tel que Barenboïm, obstiné au point de représenter du Wagner en Israël avec ses musiciens arabes et juifs israéliens, donnera la pleine mesure de son talent dans l’expression de l’émotion esthétique qui convient au recueillement et au souvenir en ce lieu de tragédie inouïe. On échappera, par le haut et par le beau, au projet dément d’origine gouvernementale qui consistait à faire venir Black M, brailleur plein de haine pour notre pays, pour s’amuser aux portes des cimetières et des ossuaires, projet à ce point ignominieux que la réaction spontanée du pays réel, à la mesure du scandale, a vaincu en moins de trois jours. 
          Le sacrifice sublime de nos morts de Verdun mérite que nous nous efforcions à la plus haute dignité, dans la solennité des cérémonies comme dans l’intimité des mémoires. Espérons que la musique de l’Orchestre du Divan lave cet affront sorti des cerveaux destructeurs des  Todeschini, Azoulay et consorts.  


Le Cardinal Zen Ze-kiun, François et la Chine

On lira avec beaucoup d’intérêt l’entretien réalisé par l’hebdomadaire Famille Chrétienne avec le cardinal chinois Zen Ze-kiun. Evêque émérite de Hong-Kong, âgé de 84 ans, Mgr Zen ne connaît que trop le caractère criminel et totalitaire du régime communiste chinois, et la tentative d’absorption au sein de l’Association Patriotique, Eglise officielle contrôlée par le PCC et de fait « schismatique », de l’Eglise catholique clandestine, persécutée depuis des décennies. C’est avec inquiétude que le cardinal fait part de sa déception quant aux propos du Pape dans un entretien accordé au quotidien Asia Times en février 2016 : « […] la religion a été exclue du champ de l’interview : comment imaginer interviewer le pape et ne pas parler de religion ? ». On comprend sa perplexité, pour ne pas dire plus, quand François se borne à parler de culture alors que c’est bien la question religieuse, comme dans les autres pays communistes subsistant, comme au Proche Orient, qui est le cœur du problème, et que les habituels papolâtres invoquent les mânes de Matteo Ricci : « De grâce, laissez Matteo Ricci en paix ! Matteo Ricci avait affaire à un empereur. Nous avons affaire à un Parti communiste. Chacun sait que les communistes chinois ont piétiné plus que n’importe qui la culture ». 
         Il faudrait, dit le Pape, ne pas avoir peur de la Chine. Oublie-t-il les « millions et millions d’innocents » tués par les communistes ? Fait-il mine de ne pas voir l’objectif totalitaire du PCC quant à l’Eglise catholique en Chine ? Accorde-t-il crédit à ce que Mgr Zen appelle une nouvelle « Ostpolitik » vaticane, consistant à vouloir négocier avec le Parti Communiste Chinois comme avant avec le PCUS ? « Illusion », répète sans faillir Zen Ze-kiun : « Il est donc naturel que le pape ait une certaine sympathie pour les communistes, car il n’a connu que le communisme persécuté sous la botte des militaires » mais, en Chine pas plus que chez Fidel et Raul Castro à Cuba, les communistes ne fléchiront leur volonté d’emprise. Le totalitarisme ne s’amende pas, et face à cette constante, l’Eglise catholique clandestine chinoise a grand besoin de soutien, à commencer par celui, clair et sans naïveté, du Vatican.

Pierre Henri