Pour imposer l’idée qu’il y aurait un islam purement
religieux et non politique, l’expression « islam politique »
fait florès. Elle entre dans le déni de réalité qui est la tragique marque
principale des discours sur l’islam et l’islamisme.
Car
l’islam, tel que, vraie ou fausse, l’histoire originelle en a été transmise par
ses livres fondateurs (Coran, Hadiths, Sira) est d’abord un fait politique,
certes appuyé sur un message religieux. « Obéissez au
prophète ! » (Coran, III, 22), c’est le commandement qui revient 15
fois sous cette forme dans le Coran et dans maintes évocations de « ceux
qui obéissent à Allah et à son Envoyé ». Cette obéissance va évidemment à
Mahomet en tout ce qu’il décide dans l’exercice de son pouvoir absolu, en tous
ordres (politique, guerre, loi, codification des mœurs, dans les moindres
aspects de la vie de chacun et de tous).
L’islam, c’est d’abord le modèle du prophète Mahomet, ce
personnage très politique gouvernant
Médine et conquérant de La Mecque, créateur de la plus grande des perfections
totalitaires bien avant le communisme et le nazisme !
Les
Hâdiths (faits et gestes du prophète)
par milliers qui constituent après le Coran le second ensemble de textes « sacrés »
de l’islam en témoignent.
La
preuve encore de la dimension d’abord politique de l’islam, c’est que tous les
successeurs (« califes ») du prophète ont eux aussi exercé le pouvoir
en tous domaines : d’Abu Bakr le premier jusqu’aux sultans-califes
ottomans.
Et
si l’on considère la rupture définitive entre le sunnisme et le
chiisme, c’est d’abord celle d’une pure confrontation politique et guerrière
entre Ali, (à la fois cousin et gendre de Mahomet et quatrième calife proclamé
à Médine en juin 656) et son rival Muawiya, gouverneur de Damas. Ce dernier
sortira vainqueur de leur guerre et sa succession sera celle de la dynastie des
Omeyyades.
Quant
à Ali, le vaincu, ses fidèles constituèrent le « chia-Ali » en
français « parti d’Ali » à l’origine du chiisme, et dont les
successeurs-califes sont appelés Imams, c’est-à-dire « guides »,
Imams exerçant le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel sans aucune
distinction, fût-elle conceptuelle, entre les deux domaines. On peut donc certes
parler de la dimension politique de l’islam. Elle est toujours inextricablement
mêlée à la dimension religieuse et aux autres domaines dans une
interpénétration indémêlable. Il n’y a évidemment pas une variété d’islam qui
serait celle d’un « islam politique ».
Ce
n’est qu’en pays non musulmans que, forcément, l’islam n’est pas un pouvoir
politique mais seulement, en attendant l’islamisation générale, un pouvoir
religieux, social, culturel, puisque veillant à ce que les communautés soient
le plus possible soumises à la charia.
La
preuve encore de ce que l’islam est d’abord politique, c’est qu’il ne possède
pas une sorte de coupole de concertation religieuse. Mais tous les pays qu’il
domine et régit se retrouvent dans l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI)
qui n’est pas d’abord une instance religieuse mais une internationale étatique.
Pour
affronter le tragique défi de l’islamisme, il faudrait donc d’abord, au moins,
ne pas travestir ce qu’est l’islam.
L’islam
n’a jamais reçu l’enseignement de Jésus-Christ : « Rendez à Dieu
ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ».
C’est
la phrase la plus décisive de l’histoire de l’humanité : la phrase
fondatrice de la véritable laïcité. Cette laïcité ne saurait être
antireligieuse ni même anticléricale puisqu’elle est un don de Dieu.
Elle
implique aussi que les lois de César ne soient pas édictées en rupture ou en
mépris de ce qu’il faut « rendre à Dieu » : le respect de la loi
morale qu’Il a édicté pour tous les hommes avec le Décalogue.