Palmyre a donc été conquise par les barbares du nouveau
califat islamique. Les territoires s’en étendent chaque jour un peu plus, comme
des tâches d’encre sanglante sur un papier buvard, des rives de l’Euphrate à
celles du Niger.
Je ne suis sans doute pas le seul
à être perplexe devant les faits que l’on nous rapporte.
J’ai en effet le souvenir de la
traversée du désert de Syrie de la Jordanie à Bagdad. On y voit de loin en
loin, à des kilomètres, le moindre campement bédouin et ses quelques chameaux.
Alors, comment les pilotes des
avions de la coalition anti « Daesch », avec leurs systèmes de
vision les plus perfectionnés qui soient, même nocturne, n’aperçoivent-ils pas
les longues colonnes de camions, de pick-up et de blindés progressant avec
leurs nuages de poussière dans la platitude des sables et de la rocaille ?
Comment ces avions que l’on vend à des coûts fantastiques
pour les immenses capacités de leurs missiles de destruction au sol de toutes
les cibles possibles, fixes ou en mouvement, ne détruisent-ils pas les
véhicules des rezzous d’Al Bagdadi ?
Mystère !
Mais il y a forcément une
explication autre que celle de leur protection magique par des médailles et
amulettes avec des versets coraniques telles que l’on en vend par tonnes à La
Mecque lors du Hadj. D’autant que les sourcilleux wahabites de l’État islamique
abhorrent toutes les dérives maraboutiques et autres selon eux non conformes à
la « religion » du prophète et que la superstition violant le
monothéisme chimiquement pur vaut aussitôt une décapitation sans appel.
La vérité c’est que, si les
véhicules de l’État islamique peuvent progresser aussi vite et mieux que ceux
jadis de l’Afrika Korps de Rommel, c’est bien que l’on ne met pas le paquet
pour les anéantir.
On interroge sans cesse sur nos
chaînes nombre d’experts, de la géopolitique ou de la chose militaire, du CNRS,
de Sciences-Po ou de divers observatoires, avec même des généraux retraités très
avisés.
À ce jour, je n’en ai donc
entendu aucun expliquer comment « Daesch », comme ils disent pour ne
pas dire État islamique, peut vaincre aussi vite que les chameliers de Mahomet
déboulant, selon la sunna, sur La Mecque le 11 janvier 630 pour la conquête
finale de la ville désormais ouverte aux seuls musulmans.
Alors, comment ne pas se demander
si finalement « Daesch » ça n’arrangerait pas beaucoup de
monde :
- Les Turcs d’abord qui en
apprécient en connaisseurs le savoir-faire en matière de crucifixion,
d’égorgement et autres pratiques traditionnelles ottomanes ;
- Les Saoudiens ensuite qui,
certes, ont commencé à s’inquiéter d’une perspective d’extension sur leur
royaume d’un califat qui se ferait épurateur de leur islam un peu trop ramolli.
Mais, en attendant, tant que
Bagdadi n’élimine que les régimes impurs et hérétiques de Bagdad et de Damas et
règle leur compte définitif aux chrétiens, ne vaut-il pas mieux le laisser
œuvrer selon la volonté d’Allah le « miséricordieux » ?
- Les Israéliens qui, toujours
inquiets, non sans raison, de la menace du puissant Hezbollah sur leur
frontière avec le Liban, le voient avec satisfaction s’épuiser dans la défense
du régime de Bachar.
Ne professe-t-on pas à Tel Aviv,
selon un pragmatisme, cynique que « les ennemis de nos ennemis ne sont pas
toujours forcément des amis mais quelquefois d’utiles alliés
circonstanciels » ?
- Quant aux Américains qui certes
n’aiment pas « Daesch » mais ne veulent déplaire aux turcs, aux
saoudiens, aux israéliens, tout en ne chagrinant pas trop désormais les Iraniens, comment ne pas observer qu’ils frappent Daesch ici, et là le laissent
avancer ?
Ainsi voguent au fil des Corans
chiites ou sunnites les irrésolutions de l’Occident décomposé.