On pouvait, sans aucunement en
approuver la plupart, comprendre, sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, les
raisons ou les prétextes de l’ostracisme
politico-médiatique frappant le Front National.
On n’arrive guère à les trouver aujourd’hui.
- La classe politique invoque sans
cesse l’adhésion aux valeurs dites républicaines pour qu’un parti soit
considéré comme politiquement correct. Outre que la liste et la définition de
ces valeurs sont toujours éminemment floues, on ne voit vraiment pas
aujourd’hui en quoi le Front National n’est pas tout ce qu’il y a de
républicain. Il l’est même très ardemment et d’une manière hélas souvent trop
jacobine car étatiste, centraliste et même néo-socialiste. Par respect frileux
pour la République, on s’y refuse même à demander que dans notre hymne
national, La Marseillaise, les paroles terribles « qu’un sang
impur arrose nos sillons », lourdes de purification ethnique ou
idéologique, soit modifiées. Les Jeunes-Turcs génocidaires n’ont pas manqué, il
y a un siècle, de s’y référer.
On ne saurait donc reprocher au
Front National, où l’on célèbre la « victoire » de Valmy, de n’être
pas républicain.
- Le président du Front National a
émis jadis certains propos que l’on pouvait penser sans doute maladroits ou
dans l’ordre du « dérapage » mais dont la réitération provocatrice
n’est pas acceptable pour quiconque sait la monstruosité du nazisme.
Tout cela devrait aujourd’hui
relever de l’histoire ancienne car ne correspondant pas du tout aux positions
de Marine Le Pen ou de Louis Aliot qui ont toujours refusé avec nous tout
racisme ou antisémitisme ou un mauvais révisionnisme historique à caractère
négationniste.
Sur ce point ne peut donc valablement
reposer la raison de l’ostracisme.
- Le Front National était hier
honnis par les lobbies de la culture de mort parce qu’il voulait abolir ou tout
au moins remplacer la loi Veil par une législation moins mortifère. Hélas, et
nous le déplorons, ce n’est plus du tout sa position officielle ni celle de ses
dirigeants actuels.
Mais ce n’est évidemment pas à
cause de cela qu’il est ostracisé.
- Le Front National a toujours été
hostile à l’immigration sans limite et sans contrôle : pas plus que
Georges Marchais jadis, pas plus que Jacques Chirac qui a un certain moment
tint sur le sujet des propos relevant de dérapages que l’on n’aurait pas
pardonnés à Jean-Marie Le Pen. Mais surtout, tout le monde sait bien qu’en
privé, au moins 90 % des élus de la République tiennent les mêmes discours
alarmistes sur le phénomène du « grand remplacement » que seuls les
aveugles et les sourds ne peuvent pas constater.
La vérité c’est que ce n’est pas
sur ce point non plus, sauf prétexte hypocrite, que se fonde l’ostracisme.
- Sur la question de l’islam, le
Front National ne tient qu’un discours très communément admis par l’immense
majorité de la population. Hélas trop peu adéquat. Mais on sait que Jean-Marie
Le Pen, souvent invité dans certaines ambassades du monde islamique, s’il a
certes constamment été contre l’immigrationnisme, a toujours été plutôt
islamophile même si le gros de ses électeurs ne le discernait pas.
Le Front National n’est toujours
pas encore sur la ligne à la fois de charité chrétienne et de lucidité politique
selon laquelle on peut aimer les musulmans tout en affirmant le droit et même
le devoir d’analyse critique, de réfutation et de refus des textes fondateurs
de l’islam. Ce qui est d’ailleurs la position du maréchal Sissi. Les dirigeants
du Front National n’osent pas dire que l’on doit pouvoir refuser l’islam comme
on aurait du refuser le communisme et le nazisme.
Par électoralisme le Front
National craint de choquer les musulmans alors que la charité qu’on leur doit
c’est de leur expliquer les raisons de notre refus de leur modèle idéologique
de théocratie totalitaire dans lequel on ne rend pas à César ce qui est à César
ni à Dieu ce qui est à Dieu selon l’admirable fondement évangélique de la
véritable laïcité.
Mais à la vérité ce n’est pas sur
cela que l’on cherche réellement noise au Front National car la plupart des
personnalités politiques et médiatiques sont aussi désespérément nuls que
monsieur Alain Juppé dans la connaissance des textes et de la réalité islamique.
- Jean-Marie Le Pen, quoiqu’en
veillant à ne pas attaquer certaines loges maçonniques où il comptait de bons
amis, fut certes très hostile à la République du Grand Orient, non tellement
pour des raisons philosophiques mais parce qu’elles constituent des hiérarchies
parallèles parfaitement incompatibles avec une véritable démocratie fondée sur
la visibilité.
Aujourd’hui le député Gilbert
Collard ne dissimule point son affiliation maçonnique et il n’est pas le seul
dans ce cas dans la hiérarchie du Front National.
Ce n’est donc pas davantage sur
cette question que l’on ostracise le Front National.
- Sous la présidence de Jean-Marie
Le Pen qui veillait à nommer des homosexuels à des postes importants de
responsabilité et de communication, le Front National certes manifestait son
opposition à la banalisation du prosélytisme homosexuel.
Désormais ce n’est plus du tout
une des préoccupations de ce parti où l’on ne peut sans doute pas observer que
les gays et les lesbiennes y seraient marginalisés.
Sur ce point là non plus ne réside
l’explication de l’ostracisme
- Certains diront que le Front
National professe une hostilité fondamentale à l’Union européenne. Certes, et
avec raison d’ailleurs, mais pas plus que monsieur Dupont-Aignan ou que monsieur
Mélanchon ou que nombre d’élus UMP adeptes sur ce point du double langage.
Ce n’est évidemment pas là la
raison de l’ostracisme.
Alors pourquoi cet
ostracisme ?
Il n’y a qu’une explication, c’est
que le Front National fait élire des élus prenant la place des précédents.
On vérifie ainsi la pitoyable décadence de notre
République où l’on n’invoque que des idées floues et des valeurs bidons pour
combattre des rivaux.