vendredi 13 mars 2015

Le cardinal guinéen Sarah, grande voix catholique, déplore « la grande confusion aujourd’hui dans l’Église ».

Les propos du cardinal guinéen Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin, recueillis par Jean-Marie Guénois pour le Figaro de ce jour, me semblent tout à la fois très inquiétants et très encourageants.

Ils sont inquiétants parce que si le cardinal s’exprime avec la prudence nécessaire de langage que requiert sa haute mission et plus encore sa grande responsabilité d’influence aujourd’hui, il ne dissimule franchement pas la réalité d’une Église secouée par de graves dissensions au plus haut niveau.

De même qu’il évoque, dans le livre « Dieu ou rien » qu’il vient de publier chez Fayard, « un risque d’hérésie » ou de « pathologie schizophrène », il affirme qu’une « grande confusion » règne aujourd’hui dans l’Église où « des évêques et cardinaux affirment des convictions personnelles qui contredisent l’enseignement de Jésus, l’enseignement du Magistère universel de l‘Église, le catéchisme de l’Église catholique ».

À ce qu’il semble, le gouvernement de l’Église par François ne fait donc pas régner l’unanimité.

Mgr Sarah affirme notamment que « certains manquent peut-être de prudence dans leur volonté d’être compris de tous ». Plus loin il réitère l’usage de ce pronom indéfini : « Certains ont suscité des attentes et des espérances dans le peuple de Dieu, qui irait vers une sorte de révolution… », « que quelque chose bougerait dans une sorte de ramollissement de la doctrine ».

Libre au lecteur de se faire une idée sur ce que recouvre « certains ». On note aussi dans le propos du cardinal le procédé de réitération de sa conviction que le Saint-père va « réaffirmer ce que l’Église a toujours cru », qu’il va réaffirmer la fidélité de l’Église à la tradition et à l’enseignement qu’elle a toujours promu sur la famille : « Le pape, insiste-t-il, est le garant de la doctrine. Il a la charge de consolider la foi de ses frères. Je n’ai aucun doute sur cela ».

Nous, nous ne pouvons pas ne pas remarquer dans ces phrases comme un procédé d’insistance, comme si le cardinal visait à nous rassurer mais peut-être à se rassurer aussi sur les décisions futures de François. Car l’insistance dans l’assurance n’est-elle pas souvent expressive d’une inquiétude ?

Mais les propos du cardinal sont en même temps encourageants. Il s’affirme en effet toujours plus comme une grande voix de l‘Église catholique d’aujourd’hui, avec toute la force de son enracinement dans les Églises militantes, souffrantes et souvent martyres : « Regardez vos frères au Pakistan, en Iran, en Irak, en Afrique qui meurent pour être fidèles aux exigences de l‘Évangile ! »

Telle est son exhortation. Ça nous change des postures intellectuelles progressistes du cardinal Marx qui se croit peut-être, par son nom, prédestiné à faire de la révolution rouge dans l’Église.


Nous, nous sommes dans la joie de pouvoir aimer et admirer ce grand cardinal africain. Et puisque François vient d’annoncer que lui aussi, comme Benoît XVI, pourrait se retirer, pourquoi ne pas écrire combien nous serions heureux d’avoir un jour, le plus tôt serait le mieux, un pape noir de langue et culture française, et surtout de grande clarté catholique ?