vendredi 24 octobre 2014

Manifestation pour la vie d’Asia Bibi


Extraits de l’allocution de Bernard Antony


Alors qu’Asia Bibi est dans la cinquième année de son long, de son atroce calvaire, par deux fois condamnée à mort, condamnée à la pendaison selon un texte de loi en application de cette charia que bien des musulmans modérés, éclairés, contestent, au moins en privé, voilà que certains émettent que nous ne devrions pas réagir au nom de notre solidarité de chrétiens.

Leur « raisonnement » bien déraisonnable, ô combien, consiste à développer que faisant cela, on verserait en quelque sorte de l’huile sur le feu !

Ce type d’argument, on l’a connu dans la bouche de ceux qui arguaient dans les années 40 qu’il ne fallait pas dénoncer les antisémites en Allemagne nazie. Si on les dénonçait, disaient-ils, ça ne ferait qu’exciter les nazis et qu’exacerber leur violence. Et d’ailleurs ces derniers ne se privaient pas d’affirmer sans vergogne que c’est parce que les juifs américains attaquaient leur politique qu’ils avaient la légitimité de réprimer leurs alliés juifs allemands !

On sait aussi que Pie XII, bien sûr horrifié par les crimes des nazis, pesait évidemment jusqu’où il pouvait aller dans leur dénonciation pour ne pas exciter encore plus leur fureur exterminatrice. Et certains lui reprochent aujourd’hui cette prudence !

C’était la même chose depuis bientôt un siècle avec les communistes. Ne dénoncez pas les répressions anti-chrétiennes, disaient certains, car Staline, Mao, Kim Il Sung et les autres s’acharneront encore plus contre les chrétiens en tant que complices potentiels de l’Occident.

Mais on n’entendait pas la même chose lorsque Staline se mit aussi à suspecter les juifs et éliminer nombre d’entre eux. La politique constante d’Israël fut et est de dénoncer haut et fort toute attaque contre le peuple juif.

Or, parce que, sans la moindre haine contre les musulmans en tant que tels, et nos amis ici venus de l’islam au Christ attestent cela, parce que, dis-je, nous dénonçons les pulsions islamiques de fanatisme et de jihâdisme terroriste, et aussi la charia et la dhimmitude, et l’inexistence de la liberté religieuse, par notamment la répression contre les convertis payant durement leur adhésion au Christ, condamnés alors à des années de prison, et souvent au fouet, suivi de la pendaison, certains encore osent nous traiter « d’islamophobes » ! 

Grosses ficelles dialectiques, vraiment, perfectionnées par les soviétiques des hôpitaux psychiatriques que cette histoire de phobie.

Non, nous ne sommes atteints d’aucune phobie, d’aucune répulsion irraisonnée à l’égard de l’islam, pas plus qu’à l’égard des deux autres totalitarismes que j’ai évoqués.

Mais j’ai été très sensible aux encouragements de certains musulmans éclairés me disant : « Continuez à vous battre contre cette théocratie totalitaire archaïque qui nous étouffe ! Oui, il est temps que notre croyance spirituelle ne soit plus liée par le carcan de la charia ! ».

Si bien, mes chers amis, que certains, ô très minoritaires, qui ont attaqué notre manifestation en la taxant d’islamophobe, je ne puis que répliquer avec tristesse qu’ils me paraissent étrangement islamophiles, comme étaient de facto philo-nazis et soviétophiles bien des agents pacifistes, devenant souvent des collabos des totalitarismes.

Mais quoi qu’il en soit, ce soir, je leur demande : qu’ont-ils obtenu, après cinq ans de calvaire pour Asia Bibi. Faudrait-il donc ne pas évoquer que c’est parce que, elle, petite chrétienne, a bu comme l’agneau de la fable, de l’eau qui serait réservée aux maîtres des lieux musulmans, qu’elle subit son martyre.

Nous avons pour notre part, depuis quatre ans, prié pour Asia Bibi dans chacune de nos veillées de prière et de solidarité avec les chrétiens persécutés, ceux des pays communistes comme ceux des régimes islamistes.

Ce soir, non sans prières, un cri que nous lançons parmi bien d’autres de par le monde, nous l’espérons, afin que les autorités du Pakistan évitent à leur pays le déshonneur de l’État islamique au Levant et de tous les régimes où l’on répond par la pendaison légale au moindre mot jugé de travers de la part d’un pauvre chrétien.

Et cela prétendument au nom d’Allah le miséricordieux ! C’est bien sûr la grâce immédiate que nous demandons pour l’innocente Asia Bibi mais surtout sa libération après ses cinq années de souffrances. Sa juste libération signifierait que le carcan de la dhimmitude et la vie dans la crainte pourrait au moins, pour les millions de pakistanais qui héroïquement persistent dans la foi au Christ, n’être pas le fait de l’État qui doit assurer leur sécurité.

Qu’au long de cette soirée que ne meut que l’amour et la solidarité dans la charité du Christ monte notre détermination à ne pas rester sourds, aveugles et silencieux devant les terribles souffrances subies par les chrétiens de par le monde.

Puisse Dieu leur venir en aide et puissions-nous ne jamais oublier Asia Bibi !

Que, comme Maryam l’héroïque soudanaise, elle puisse, dans sa liberté et dans sa foi,  retrouver sa famille !