Extraits
de l’allocution de Bernard Antony
Alors qu’Asia Bibi est dans la cinquième année de son
long, de son atroce calvaire, par deux fois condamnée à mort, condamnée à la
pendaison selon un texte de loi en application de cette charia que bien des
musulmans modérés, éclairés, contestent, au moins en privé, voilà que certains
émettent que nous ne devrions pas réagir au nom de notre solidarité de
chrétiens.
Leur
« raisonnement » bien déraisonnable, ô combien, consiste à développer
que faisant cela, on verserait en quelque sorte de l’huile sur le feu !
Ce
type d’argument, on l’a connu dans la bouche de ceux qui arguaient dans les
années 40 qu’il ne fallait pas dénoncer les antisémites en Allemagne nazie. Si
on les dénonçait, disaient-ils, ça ne ferait qu’exciter les nazis et
qu’exacerber leur violence. Et d’ailleurs ces derniers ne se privaient pas
d’affirmer sans vergogne que c’est parce que les juifs américains attaquaient
leur politique qu’ils avaient la légitimité de réprimer leurs alliés juifs
allemands !
On
sait aussi que Pie XII, bien sûr horrifié par les crimes des nazis, pesait
évidemment jusqu’où il pouvait aller dans leur dénonciation pour ne pas exciter
encore plus leur fureur exterminatrice. Et certains lui reprochent aujourd’hui
cette prudence !
C’était
la même chose depuis bientôt un siècle avec les communistes. Ne dénoncez pas
les répressions anti-chrétiennes, disaient certains, car Staline, Mao, Kim Il
Sung et les autres s’acharneront encore plus contre les chrétiens en tant que
complices potentiels de l’Occident.
Mais on n’entendait pas la même chose
lorsque Staline se mit aussi à suspecter les juifs et éliminer nombre d’entre
eux. La politique constante d’Israël fut et est de dénoncer haut et fort toute
attaque contre le peuple juif.
Or, parce que, sans la moindre haine contre
les musulmans en tant que tels, et nos amis ici venus de l’islam au Christ
attestent cela, parce que, dis-je, nous dénonçons les pulsions islamiques de
fanatisme et de jihâdisme terroriste, et aussi la charia et la dhimmitude, et
l’inexistence de la liberté religieuse, par notamment la répression contre les
convertis payant durement leur adhésion au Christ, condamnés alors à des années
de prison, et souvent au fouet, suivi de la pendaison, certains encore osent
nous traiter « d’islamophobes » !
Grosses ficelles dialectiques, vraiment,
perfectionnées par les soviétiques des hôpitaux psychiatriques que cette
histoire de phobie.
Non, nous ne sommes atteints d’aucune
phobie, d’aucune répulsion irraisonnée à l’égard de l’islam, pas plus qu’à
l’égard des deux autres totalitarismes que j’ai évoqués.
Mais j’ai été très sensible aux
encouragements de certains musulmans éclairés me disant : « Continuez
à vous battre contre cette théocratie totalitaire archaïque qui nous
étouffe ! Oui, il est temps que notre croyance spirituelle ne soit plus
liée par le carcan de la charia ! ».
Si bien, mes chers amis, que certains, ô
très minoritaires, qui ont attaqué notre manifestation en la taxant
d’islamophobe, je ne puis que répliquer avec tristesse qu’ils me paraissent
étrangement islamophiles, comme étaient de facto philo-nazis et soviétophiles
bien des agents pacifistes, devenant souvent des collabos des totalitarismes.
Mais quoi qu’il en soit, ce soir, je leur
demande : qu’ont-ils obtenu, après cinq ans de calvaire pour Asia Bibi.
Faudrait-il donc ne pas évoquer que c’est parce que, elle, petite chrétienne, a
bu comme l’agneau de la fable, de l’eau qui serait réservée aux maîtres des
lieux musulmans, qu’elle subit son martyre.
Nous avons pour notre part, depuis quatre
ans, prié pour Asia Bibi dans chacune de nos veillées de prière et de
solidarité avec les chrétiens persécutés, ceux des pays communistes comme ceux
des régimes islamistes.
Ce soir, non sans prières, un cri que nous
lançons parmi bien d’autres de par le monde, nous l’espérons, afin que les
autorités du Pakistan évitent à leur pays le déshonneur de l’État islamique au
Levant et de tous les régimes où l’on répond par la pendaison légale au moindre
mot jugé de travers de la part d’un pauvre chrétien.
Et cela prétendument au nom d’Allah le
miséricordieux ! C’est bien sûr la grâce immédiate que nous demandons pour
l’innocente Asia Bibi mais surtout sa libération après ses cinq années de
souffrances. Sa juste libération signifierait que le carcan de la dhimmitude et
la vie dans la crainte pourrait au moins, pour les millions de pakistanais qui
héroïquement persistent dans la foi au Christ, n’être pas le fait de l’État qui
doit assurer leur sécurité.
Qu’au long de cette soirée que ne meut que
l’amour et la solidarité dans la charité du Christ monte notre détermination à
ne pas rester sourds, aveugles et silencieux devant les terribles souffrances
subies par les chrétiens de par le monde.
Puisse Dieu leur venir en aide et
puissions-nous ne jamais oublier Asia Bibi !
Que, comme Maryam l’héroïque soudanaise,
elle puisse, dans sa liberté et dans sa foi,
retrouver sa famille !