Sort des réfugiés : contradiction objective entre les
propos habituels du pape et ceux de la délégation épiscopale française au
Kurdistan
Séjournant au Kurdistan qui n’est plus guère irakien et qui est
pour le moment un territoire en paix, le cardinal Barbarin, l’évêque Dubost et
le prélat Mgr Gollnisch de l’œuvre d’Orient ont tenu des propos sur le devenir
des chrétiens d’Irak chassés des zones conquises par le nouveau Califat, bien
différents de ceux régulièrement émis sur la question par le pape François.
Pour ces hiérarques français, l’accueil dans d’autres pays
de ces chrétiens fuyant la terreur des salafistes n’est pas la solution.
Nonobstant le fait que beaucoup, et depuis longtemps d’ailleurs, ont été
assassinés et torturés tel Mgr Faraj Raho, évêque de Mossoul, dont nous avons
jadis aidé la famille à trouver un lieu d’accueil à Toulon.
Ces responsables catholiques français n’émettent pas que les
chrétiens massacrés sont martyrisés pour leur foi dans le Christ, mais, selon
eux, les chrétiens doivent être, fût-ce au prix de leur vie, les mainteneurs de
l’idéal humaniste du vivre-ensemble. Il faudra donc qu’au plus vite ils
retournent chez eux « vivre-ensemble » avec les musulmans.
On note au passage la convergence, sinon la similitude des
propos épiscopaux avec ceux de M. Louis Aliot, Vice-président du Front
National. Le cardinal, l’évêque et le prélat, il y a peu si chaleureux dans
leurs vœux de bon ramadan aux musulmans se sont gardés de rappeler que le
« vivre-ensemble » comporte, pour les chrétiens, l’acceptation du
régime plus ou moins féroce mais toujours, pour le moins, discriminant et
humiliant, de statut de la dhimmitude, selon le modèle instauré par le
fondateur de l’islam.
Étonnamment, ces propos sont en parfaite contradiction avec
ceux du pape François qui souvent fulmine sa colère devant le fait que l’Europe
n’accueille pas assez, pas assez vite et pas assez bien les centaines de
milliers d’immigrés qui arrivent sans cesse sur les côtes de Sicile et
d’ailleurs. Ceux-là, il est vrai, sont à 90% des musulmans, que
n’accueillent cependant pas les très riches états islamistes. Ces populations,
qui rejoignent les masses de musulmans en Europe, doivent en effet bénéficier
de l’idéal du « vivre-ensemble ».
Chrétienté-Solidarité exprime pour sa part sa position,
respectueusement équidistante de celle du pape et de celle du cardinal Barbarin
et des autres. Comme ni la France, ni les autres pays d’Occident ne peuvent
aujourd’hui protéger les chrétiens des nombreuses terreurs islamiques, on doit
pouvoir accueillir dans nos pays les plus menacés. L’expérience prouve que leur
intégration est rapide et paisible.
D’autre part, il serait souhaitable que le pape François
invite les riches puissances musulmanes à accueillir les immigrés fuyant les
pays d’islam déstabilisés. Ce serait là une double perspective de
charité :
- charité des chrétiens pour leurs frères chrétiens fuyant
les massacres islamistes
- charité politique réaliste à l’abri de l’illusion d’un
« vivre-ensemble » dont l’expérience prouve qu’elle débouche trop
souvent, à terme, sur de nouvelles tragédies.
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Relire : Le génocide des chrétiens d'Orient, par Bernard Antony et Richard Haddad.