Avec ses milliards de téléspectateurs fascinés, et souvent
fanatisés, suspendus fiévreusement à leurs postes de télévision, la passion
pour le spectacle d’équipes de jeunes gens rivalisant dans l’art de taper du
pied dans un ballon rond est à l’évidence aujourd’hui le phénomène
comportemental majeur d’identification de l‘espèce humaine.
Rond
comme le globe, le ballon du foutebole est le support du fait mondialiste le
plus réussi.
Car,
pour le reste, je persiste à me garder des interprétations binaires de la vie
de la planète, certes bien satisfaisantes pour le repos de l’esprit.
La
seule distinction duale qui vaille pour notre humanité me paraît toujours être,
et heureusement, celle du couple humain, celle de l’homme et de la femme et
n’en déplaise aux impérialistes divagateurs de la théorie du genre à imposer
par tous les moyens de conditionnement et de terreur.
Hormis
cette distinction en l’homme du yin et du yan comme l’observent en tous
domaines les chinois, je ne crois pas, par exemple, que l’on puisse ramener les
enjeux planétaires à l’affrontement essentiel de l’utopie mondialiste avec le
nationalisme.
Et
d’abord parce que les discours mondialistes dissimulent souvent des appétits
nationalistes ou des stratégies impérialistes. La réalité hélas sans cesse
conflictuelle de la vie du monde est modelée par une grande multiplicité de
paramètres, plus ou moins durables ou stables selon qu’il s’agisse de
l’existence des peuples et des nations avec leurs frontières plus ou moins
fixées ou incertaines, des vents et marées des religions et des idéologies et
des réalités économiques. Ainsi ne pourrait-on guère comprendre ce qui se passe
au Moyen-Orient (et bien au-delà dans le monde islamisé) si l’on ne considérait
que les enjeux de puissance et rivalités des Etats-Unis et d’Israël d’un côté,
de la Russie de l’autre.
Ainsi
serait-il médiocre d’analyser l’immense ressurgissement de l’islam à notre
époque simplement à la lumière de son dynamisme idéologico-religieux et
démographique.
Ce ressurgissement n’aurait sans doute pas été le même si
l’islam n’avait pas été au XX° siècle puissamment enrichi par les immenses
richesses des pays arabes et de l’Iran. Or, voici qu’en quelques années à peine
la nouvelle richesse pétrolière américaine, par l’exploitation des schistes
bitumineux, a changé la donne géopolitique du Moyen-Orient : les
Etats-Unis sont moins dépendants des pétroles de la péninsule arabique et
notamment de l‘Arabie Saoudite. Ce
n’est pas rien ! Cela explique bien sûr les atermoiements puis les
revirements de la politique des Etats-Unis conditionnée, déterminée et même
dictée depuis un siècle par l’appétit pétrolier.
Certains
qui, dans les confins et nébuleuses des extrêmes-gauches et extrêmes-droites contre
« l’américano-sionisme » aimaient fréquenter l’Iran de l’horrible
révolution des mollahs et ses ambassades auront peut-être à déchanter.
Peut-être se fera-t-il qu’ils ne seront plus aussi « persona grata »
que par le passé ?
C’est
d’ailleurs ce qui est arrivé presque toujours à ces drôles de nationalistes
s’accrochant sans cesse à des puissances étrangères…
Pour
l’heure hélas, à vue humaine, c’est à la fin du Liban chrétien que nous
assistons, c’est-à-dire du seul pays d’Orient où les chrétiens étaient et sont
encore un élément majeur dans le pouvoir politique. Ceci n’est pas dû au
pétrole mais à la submersion démographique par les populations musulmanes,
chiites et sunnites, car toute la riche bourgeoisie syrienne sunnite qui s’y
est réfugiée et a acheté massivement les terrains, maisons et appartements, ne
repartira pas.
Et
ne repartiront pas de sitôt les centaines de milliers de pauvres qui, en
quelque sorte, rejoignent les Palestiniens dans les formes d’un exil à
proximité mais qui n’en finit pas. Mais j’espère me tromper.
De
tout cela nous reparlerons dans notre prochaine émission de la Réplique le
mercredi 9 juillet.