lundi 26 mai 2014

La responsabilité historique du Front National

Bernard Antony, président de l’Institut du Pays Libre, communique :


Le suffrage, hier, d’un électeur sur quatre est la concrétisation du saut quantitatif fulgurant que le Front National a effectué en cinq ans sur les décombres des partis de gouvernement, tous idéologiquement sclérosés et minés par des scandales de corruption.

« La bonne personne au bon moment » : le succès du Front National tient évidemment en grande partie au talent et à l’énergie que sa présidente, Marine Le Pen, a su mettre en œuvre pour rallier au socle ancien du courant national rassemblé par son père l’adhésion de couches nouvelles de Français révoltés par le flot ininterrompu d’une immigration sans limites et la destruction économique et sociale.

- Pitoyable protestation que celle du premier ministre Valls au regard dangereusement enfiévré, ne trouvant à dévider face à la débâcle de son parti et à l’effondrement social que de fausses et dérisoires promesses de diminution fiscale. Incapable d’une réflexion autre que débilement matérialiste…

- Spectacle tout aussi affligeant que celui des dirigeants d’une UMP aux abois devant le resserrement des nasses judiciaires dans lesquelles leur corruption a enfermé certains d’entre eux.

Et ce n’était évidemment pas la gesticulation spéculative de dernière minute de Nicolas Sarkozy sur une réforme de l’Union Européenne qui pouvait changer les choses. Totalement inepte, comme si l’on pouvait retailler, au mépris de la logique et des traités de l’eurocratie, une nouvelle entité économique franco-allemande ! L’UMP est désormais un bateau ivre sans commandant qu’abandonnent d’incertaines chaloupes de sauvetage.

Devant ce spectacle de fin de V° république, on voit mal comment le très nullissime François Hollande pourrait bien longtemps encore demeurer recroquevillé à l’Élysée, objet du dédain des autres chefs d’État, sans dissoudre l’Assemblée ou démissionner.

Quant à Marine Le Pen, l’avancée qu’elle a conduite peut certes la rapprocher de l’exercice périlleux du Pouvoir.

Paradoxalement, cela va en grande partie dépendre de ce que son groupe, désormais important au Parlement Européen, fera pour faire à la fois avancer le slogan ancien de Chrétienté-Solidarité : « Sortons de cette Europe-là ! », mais simultanément pour proposer un dessein alternatif de l’unité indispensable en bien des domaines des nations européennes.

Deux défis fondamentaux doivent être en effet relevés, pour leur survie, par la France et les autres pays : celui de la décomposition nihiliste de notre société et celui non seulement de l’immigration mais de l’islam réel, celui de la charia, qui, jihadiste ou non, conquiert d’immenses pans de l’Asie et d’Afrique à la démographie exponentielle. La France seule ne peut relever ce défi.

Le Front National semble pour l’heure réaliser la synthèse du « national » et du « social » jadis souvent rêvée au XX° siècle mais rendue impossible par la conjoncture internationale ou dévoyée par les modèles de systèmes totalitaires pervers.

Pour autant, pour nous, l’avenir de la France ne réside pas dans l’établissement d’un néo-jacobinisme où toujours plus l’Etat et l’administration ne cesseront de se substituer au libre exercice des corps intermédiaires familiaux et sociaux.

Il faut souhaiter que le Front National, dont la responsabilité historique est désormais très lourde, puisse prendre les bonnes orientations d’une politique certes  d’autorité mais de la vie, des libertés et des solidarités nécessaires.

À son égard, on ne peut et doit avoir qu’une attitude non pas certes d’inconditionnalité mais de bienveillance a priori.