Bernard Antony, président de l’Institut du Pays Libre,
communique :
Sur le fond d’abord de
la question syrienne, ce que préconise Mr Hollande et que l’on ne peut que
difficilement désigner par le mot de politique est caractérisé à la fois par
l’indigence et l’abjection.
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Indigence parce que, une fois de plus, l’interventionnisme occidental en Syrie
est caractérisé comme en Afghanistan, comme en Irak, comme en Libye, par la
simultanéité d’un aventurisme guerrier destructeur et d’une absence totale
d’idée de solution politique, les prétendus remèdes s’avérant finalement
souvent pires que les maux à éliminer.
-
Abjection en effet parce que la posture guerrière de Mr Hollande se situe dans
la parfaite continuité de l’abjecte tradition socialiste consistant à déclarer
des guerres dont criminellement ils privent notre armée des moyens de les
mener. On peut se demander quelque fois s’il ne s’agit pas de la jouissance par
des idéologues antimilitaristes au gouvernement de leur pouvoir d’envoyer à la
mort les meilleurs d’une armée exécrée…
Pour
autant, Mr Hollande est pour l’heure fier comme Artaban du beau travail,
indéniablement, de nos soldats qu’il a envoyés au Mali. On verra si la suite
politique en est à la hauteur.
Il
a donc pris goût à la manœuvre militaire et verrait bien nos avions, qui n’en
peuvent plus, aller frapper du côté de Damas, non sans risques majeurs pour nos
aviateurs alors que le grand allié américain déverserait sans risque ses
missiles « de croisière » (quel joli nom !) et autres
performantes fusées.
Or, voilà que Barack
Obama, tout de même moins prompt que son prédécesseur Bush, le va-t-en guerre
aussi criminellement menteur qu’irresponsable, n’a pas encore décidé, avant
l’aval de son Congrès, de donner le feu vert aux bombardements.
Hollande
se retrouve ainsi dans la niaise posture d’un freluquet matamore lâché par un
grand costaud de copain.
Mais
surtout, quelle solution voudrait-il pour la Syrie ? Et quelles solutions
envisagent donc les Américains ?Et surtout les Israéliens dont, en bons
politiques, les discours sont évidemment faits pour dissimuler les intentions
réelles ?
Pour
notre part, ayant prévu dès ses débuts, annoncé et répété que cette guerre
durerait, et sans jamais oublier les crimes au Liban, Sous Hafez et sous
Bachar, de l’occupant syrien et de ses alliés, nous avons préconisé une
politique du moindre pire plutôt que celle du chaos, à savoir une solution de
partition et de répartition certes insatisfaisante mais moins pire que de
gigantesques massacres.
N’y
eut-il pas ainsi, sous le mandat français, un « gouvernorat
alaouite » ?
Si
la France avait encore une diplomatie, elle devrait s’employer à une
concertation avec tous les protagonistes régionaux et les puissances impliquées
dans le drame syrien et pour le moins autant avec les Russes qu’avec les
Américains. Afin de conjurer d’abord les menaces des islamismes terroristes
opposés chiites et sunnites.
Il
faudra certes inéluctablement de la fermeté et certainement de la mise en œuvre
de forces militaires pour amener la paix en Syrie. Mais il faut d’abord du
réalisme et de l’intelligence, et savoir ce que l’on veut.