Il n’est guère désormais de domaine où le mot de phobie ne
soit employé à toutes les sauces.
Comme ceux de racisme, de démocratie, d’écologie, le terme n’a
cessé de perdre en « compréhension », mais de gagner en « extension »,
c’est-à-dire en usages de plus en plus éloignés de sa signification originelle. Il
y a peu encore, dans notre langue, cette dernière n’était pas du tout en
rupture avec celle du vocable grec phobos
signifiant « l’effroi », « la crainte ».
Simplement, dans nos dictionnaires, la phobie était définie
comme un terme de médecine psychiatrique
désignant « la peur obsédante, angoissante, que certains malades éprouvent
dans des circonstances déterminées ».
Du Larousse au Littré et au Robert, on y renvoyait aux
concepts de névrose, de crainte morbide, d’aversion irraisonnée. De là, il était aisé de passer à une assimilation
vague mais efficace au sens général de folie. C’est ce que réalisa la
perversion totalitaire communiste pour essayer de discréditer l’anticommunisme
et le réprimer plus hypocritement et plus abjectement encore que par le goulag :
par l’enfer des asiles dits psychiatriques.
S’opposer au communisme, c’est-à-dire à la science exacte,
rationnelle, indépassable, du « matérialisme dialectique », n’était-ce
point être fou ?
Être soviétophobe, cela relevait ainsi de soins répressifs « adaptés »
comme ceux traitant des peurs morbides telles l’agoraphobie, la claustrophobie
ou l’éreutophobie (la peur de rougir). En pratique cela nécessitait une
répression-collaboration policière et psychiatrique…
Aujourd’hui, par extension néo-totalitaire de ce mécanisme
bolchévique, tout ce qui ne va pas dans le sens de l’idéologiquement, du politiquement,
du religieusement, du culturellement, de l‘artistiquement, du sexuellement, du
sodomistement, de l’écologiquement, du médiatiquement, de l’économiquement, de
l’eurocratiquement correct et surtout, de l’islamiquement correct, oui, tout cela
doit être antiracistement désigné comme autant de phobies délictueuses voire criminelles.
L’avenir est ainsi désormais, en Occident, plein de promesses
pour les goulags psychiatriques.
Et l’émulation bat son plein, avant leur inéluctable
affrontement, entre les tenants de la répression contre la soi-disant
homophobie et ceux de la répression contre la soi-disant islamophobie.
Ces derniers, appuyés par toutes les richesses de l’Arabie et
du Qatar et autres eldorados pétroliers et avec les quelques cinquante pays adhérents
de l’OCI (Organisation de la conférence Islamique), veulent imposer à l’ONU une
loi mondiale antiraciste de répression de l‘islamophobie, désignée comme
raciste pour interdire toute critique, et à terme toute non-soumission.
À cela, il nous faut objecter que si nous sommes quelquefois
sujets à des réactions de phobie à l’encontre des rats, des reptiles, des
cancrelats, des punaises de matelas, des sauriens et autres batraciens
réellement existants ou des vampires imaginaires, voire encore à l’encontre des
radars routiers, nous ne sommes nullement homophobes ou islamophobes, pas plus
qu’atteints de jacobinophobie, de nazismophobie ou de communismophobie !
Car sans aucune phobie irraisonnée, nous sommes simplement et très
rationnellement « anti ».
Certes nous comprenons bien que chez beaucoup de rescapés, d’enfants
et descendants de rescapés des grandes exterminations de l’histoire ou chez ceux
qui les ont étudiées, la mémoire, dans le conscient et l’inconscient, des
atrocités passées puisse conférer des peurs, des effrois, des répulsions, des
phobies, devenir obsessionnelle.
Ainsi connaissons-nous notamment des Vendéens, des Arméniens,
des Juifs, des Cambodgiens, des Ukrainiens, des Russes, des Tibétains et des
Chinois et aussi des pieds-noirs et des harkis ou enfants de harkis qui
souvent, dans d’inextricables mélanges d’éveils et de cauchemars surgissant dans
l’horreur de profondes nuits, sont effrayés, glacés, tétanisés dans des phobies
résultant des tragédies auxquelles certains ont réchappé ou dans lesquelles
tant de parents ou de proches ont péri.
Mais, encore une fois, pour ce qui est de nous, c’est
simplement parce que nous savons par la connaissance de l’histoire, par l’analyse
des doctrines, par le suivi des événements que nous sommes sans aucune phobie,
sans aucune haine personnelle, également antijacobins, anti-Jeunes-Turcs,
anticommunistes, antinazis, anti-islamiques et aussi, aujourd’hui, tout autant
contre le nihilisme individualiste désintégrateur nucléaire de la famille, de
la société, de la vie, de l’humanité.
Alors ne traitons pas avec un indécent mépris raciste ceux qui
éprouvent de bien compréhensibles rejets et phobies.
Mais prenons bien
conscience qu’au fallacieux prétexte de lutter psychiatriquement, policièrement
et judiciairement contre de soi-disant phobies, c’est la liberté que l’on veut museler.
Alors, tant qu’il est
encore temps, défendons le droit de refuser également tous les systèmes
totalitaires, celui de Mahomet comme ceux d’Hitler et de Lénine.