Beaucoup me
posent des questions sur la triste évidence de l’occultation par certains dont
on pensait attendre un peu de sympathie, des combats de l’AGRIF pourtant si
nécessaire et efficace, pourquoi rien sur nos actions de solidarité avec les
chrétiens persécutés ?
Pourquoi,
alors que nous sommes l’objet de tant de désinformation haineuse des médias
livrés à la subversion, jamais rien sur nos livres de réplique ?
Pourquoi
jamais rien dans Le Figaro, par exemple dans la chronique d’Ivan Rioufol,
jamais rien dans les billets d’Eric Zemmour, journalistes que pourtant nous
connaissons amicalement ?
Pourquoi
jamais rien dans Valeurs Actuelles sinon la mention en une ligne de notre
ouvrage sur Jaurès ?
Mais
pourquoi rien non plus dans Famille Chrétienne ?
Et pourquoi
jamais la moindre manifestation de solidarité de certains mouvements, instituts
et initiatives catholiques ?
Ces
questions sont légitimes. D’abord elles invitent à ce que nous rappelions que
beaucoup d’autres en revanche, de plus en plus, relayent ce que nous faisons
dans l’amitié française et chrétienne. Citons à nouveau Présent,
Radio-Courtoisie, l’Homme Nouveau, Les Quatre Vérités, La Nef, le Salon Beige
et les blogs d’Yves Daoudal, de Jeanne Smits, de Riposte Catholique, de
Notre-Dame de Kabylie et de l’Observatoire de la Christianophobie. Nous en
oublions, nous ne manquerons pas de compléter.
Les motifs
d’occultation sont variés et bien différents.
Certains
journalistes « arrivés » sont issus jadis d’officines secrètes très anti-catholiques
et sans jamais l’exprimer, conservent une forte aversion pour ce que nous
défendons, se tenant ainsi sur une ligne qui n’indispose pas certains milieux
dirigeants maçonniques.
Dans un
autre registre, un ancien éditorialiste du Figaro-Magazine, très connu pour
avoir été dans ses débuts militants un pétulant néo-païen, après ses
successives conversions dans le sillage de Louis Pauwels et quelque dégradation
professionnelle est-il devenu le vigilant censeur d’un catholicisme onctueux,
modéré, progressiste.
Un autre
encore, chroniqueur hebdomadaire dans Le Figaro quotidien, ne nous aime pas
peut-être parce qu’il nous trouve par trop catholique !
Chez
certains responsables de pèlerinage, en revanche, on n’aime pas parler de nous
parce que nous ne sommes pas prêts de nous aligner sur leurs prudentes
manœuvres de capillarité politicienne.
Hier dans
l’illusion de la catholicité d’un Charles Pasqua, aujourd’hui
précautionneusement bien sûr dans le sillage ô combien exaltant d’une Christine
Boutin…
Faut-il
encore observer que, bien sûr, ce n’est pas de la plupart des dirigeants de la
coupole directrice fondamentale de l’actuel Front National que l’on peut
attendre beaucoup de sympathies.
Et pour en
finir, nous pourrions aussi évoquer les intégristes pour qui nous sommes des
libéraux et ceux qui nous détestent parce qu’ils ne retrouvent évidemment pas
leur haineuse obsession antisémite dans notre « Histoire des juifs d’Abraham à
nos jours », écrit comme nos livres sur l’islam, sans complaisance mais sans
haine, dans la recherche de la vérité qui libère et dans le message d’amour de
notre religion.
Ainsi la vie
militante dans un idéal de défense de notre patrie, de notre civilisation, de
solidarité chrétienne et de dignité humaine n’est-elle pas comme la descente
d’un long fleuve tranquille.
On me
demande de plus en plus souvent d’écrire mes mémoires. A priori je ne suis
guère attiré par cette idée. Si je me risquais à quelque chose de semblable, je
m’attèlerais sans doute à répondre à un entretien sur quelques aspects de ma
vie, quelques pages sur « Ce que j’ai cru comprendre », mots qui font le
titre des mémoires de l’excellente
chroniqueuse, écrivain et mémorialiste que fut Annie Kriegel.
Mais
peut-être écrirai-je quelques souvenirs « d’hétérotélie », remarquable concept
forgé par le grand intellectuel que j’ai bien connu, Jules Monnerot et
qu’aimait évoquer, après tous les inattendus de sa longue et dangereuse vie
politique, mon maître, mon ami : Jean-Baptiste Biaggi.
Le mot
d’hétérotélie forgé au prix de quelque glissement étymologique, peut se
comprendre comme signifiant l’intrusion de l’inattendu, d’un événement de
rupture avec la finalité, la perspective programmée.
Ainsi
Biaggi, grand résistant et gaulliste, défenseur de l’Algérie française, un des
acteurs essentiels du retour de De Gaulle en 1958, évoquait-il avec un peu
d’amère ironie le fait que moins de deux ans plus tard ce dernier l’avait mis
en prison.
A mes amis, j’évoque quelquefois moi aussi,
certes à un moindre niveau d’intérêt historique et avec beaucoup plus d’ironie
mais sans amertume, les cheminements « hétérotéliques » de ma vie dans le
contexte de mes engagements politiques et religieux. A la différence de Biaggi,
à ce jour, finalement les trahisons me faisant changer d’activité m’ont, je le
crois, providentiellement permis de mener à bien d’autres missions peut-être
plus nécessaires que les précédentes devenues routinières. Ainsi va la vie.