Bernard Antony, président de l’Institut du Pays Libre, communique :
Syrie : la moins
mauvaise solution s’appelle « partition ».
On ose espérer qu’en
prônant une intervention militaire en Syrie sous mandat de l’ONU mais une fois
encore, comme en Libye, sans solution politique, François Hollande n’a procédé
qu’à une petite manœuvre purement verbale dans l’illusion de s’attirer la
sympathie de l‘islam sunnite.
Lui-même et Laurent Fabius, son ministre des Affaires Étrangères,
ne peuvent en effet ignorer que la situation en Syrie n’est pas du tout analogue
à ce que l’on a connu en Tunisie et en Égypte. Elle n’est que très
partiellement ressemblante à celle de la Libye.
Dans ce dernier pays en effet, Khadafi ne disposait que du
plein soutien de sa tribu, très minoritaire. Comme je l’ai écrit au moment de
notre stupide engagement, il était comme un volcan éteint. On voit aujourd’hui
les beaux résultats d’une politique incroyablement dirigée par l’irresponsable
Bernard-Henri Lévy !
Le régime syrien des Assad père et fils est un régime
abominable dans une constante d’emploi de l’assassinat et de la torture depuis 40
ans, en Syrie et au Liban occupé, sans oublier nos diplomates assassinés et nos
paras du Drakkar atrocement massacrés.
Mais ce régime est appuyé par la quasi-unanimité des
alaouites, secte dérivée du chiisme et constituant de fait un peuple séculairement
enraciné dans un territoire constitutif d’un pays et qui eut jadis son
autonomie sous les ottomans et le mandat français.
Autour de son noyau dur alaouite, le régime du parti Baas des
Assad a rassemblé l’essentiel des autres minorités (chrétiens, chiites, Kurdes,
Druzes), mais n’a jamais rallié la grande majorité des sunnites. Si bien que l’invocation
d’une Syrie démocratique, égalitariste, non communautariste, est une pure
fiction.
Si l’armée et la police de Bachar Al Assad craquent, ce sera
alors l’heure de la grande vengeance de la majorité sunnite qui fera payer les
milliers de morts à Hama en 1982 et ceux de la période actuelle, et les
atrocités qui ont accompagné les tueries.
Ce sera alors un grand massacre d’alaouites mais aussi parmi
les autres minorités. Aucune force onusiaque n’empêchera cela et l’incendie,
une fois de plus, embrasera le Liban avec toutes les horreurs que l’on sait.
Il n’y a pas de solution miracle pour la paix dans ces pays.
Aux affrontements inexpiables entre communautés-peuples, mieux vaut préférer la
moins mauvaise solution, celle de la séparation, soit par la partition soit,
pour ce qui est du Liban, par la mise en place d’une confédération de « pays »
ou « cantons » (chrétien, chiite, sunnite, druze).
La diplomatie française, qui a jadis exercé un mandat de
gouvernement de l’ensemble syro-libanais, devrait commencer à conseiller cette
solution aux parties en présence dans le conflit syrien et à suggérer de même
cette solution aux composantes du peuple libanais.
Comment ne pas voir que le modèle français de l’État-nation
demeure en Orient une utopie lourde de guerres incessantes ?