lundi 4 juin 2012


Bernard Antony, président de l’Institut du Pays Libre, communique :

Syrie : la moins mauvaise solution s’appelle « partition ».

On  ose espérer qu’en prônant une intervention militaire en Syrie sous mandat de l’ONU mais une fois encore, comme en Libye, sans solution politique, François Hollande n’a procédé qu’à une petite manœuvre purement verbale dans l’illusion de s’attirer la sympathie de l‘islam sunnite.

Lui-même et Laurent Fabius, son ministre des Affaires Étrangères, ne peuvent en effet ignorer que la situation en Syrie n’est pas du tout analogue à ce que l’on a connu en Tunisie et en Égypte. Elle n’est que très partiellement ressemblante à celle de la Libye.

Dans ce dernier pays en effet, Khadafi ne disposait que du plein soutien de sa tribu, très minoritaire. Comme je l’ai écrit au moment de notre stupide engagement, il était comme un volcan éteint. On voit aujourd’hui les beaux résultats d’une politique incroyablement dirigée par l’irresponsable Bernard-Henri Lévy !

Le régime syrien des Assad père et fils est un régime abominable dans une constante d’emploi de l’assassinat et de la torture depuis 40 ans, en Syrie et au Liban occupé, sans oublier nos diplomates assassinés et nos paras du Drakkar atrocement massacrés.

Mais ce régime est appuyé par la quasi-unanimité des alaouites, secte dérivée du chiisme et constituant de fait un peuple séculairement enraciné dans un territoire constitutif d’un pays et qui eut jadis son autonomie sous les ottomans et le mandat français.

Autour de son noyau dur alaouite, le régime du parti Baas des Assad a rassemblé l’essentiel des autres minorités (chrétiens, chiites, Kurdes, Druzes), mais n’a jamais rallié la grande majorité des sunnites. Si bien que l’invocation d’une Syrie démocratique, égalitariste, non communautariste, est une pure fiction.

Si l’armée et la police de Bachar Al Assad craquent, ce sera alors l’heure de la grande vengeance de la majorité sunnite qui fera payer les milliers de morts à Hama en 1982 et ceux de la période actuelle, et les atrocités qui ont accompagné les tueries.

Ce sera alors un grand massacre d’alaouites mais aussi parmi les autres minorités. Aucune force onusiaque n’empêchera cela et l’incendie, une fois de plus, embrasera le Liban avec toutes les horreurs que l’on sait.

Il n’y a pas de solution miracle pour la paix dans ces pays. Aux affrontements inexpiables entre communautés-peuples, mieux vaut préférer la moins mauvaise solution, celle de la séparation, soit par la partition soit, pour ce qui est du Liban, par la mise en place d’une confédération de « pays » ou « cantons » (chrétien, chiite, sunnite, druze).

La diplomatie française, qui a jadis exercé un mandat de gouvernement de l’ensemble syro-libanais, devrait commencer à conseiller cette solution aux parties en présence dans le conflit syrien et à suggérer de même cette solution aux composantes du peuple libanais.

Comment ne pas voir que le modèle français de l’État-nation demeure en Orient une utopie lourde de guerres incessantes ?