« Printemps arabe » ? Non, encore une fois je n’y crois guère. Prêt bien sûr à reconnaître l’erreur de mon scepticisme et rectifier mes jugements si les événements manifestaient d’heureuses évolutions. Je souhaiterais tant m’être trompé !
Tunisie.
Pour l’heure, la réalité, c’est que la Tunisie s’enfonce dans le marasme et que les adeptes d’un islam à la tunisienne, façon Bourguiba, ne paraissent pas assurés de dominer ceux de « l’islam total ».
Lybie.
Avec nos amis britanniques, nous bombardons, nous bombardons. Mais une fois Khadafi éliminé, par qui va-t-on le remplacer ? Par celui qui avait condamné à mort les infirmières bulgares ? Par les dirigeants des Frères Musulmans ?
Égypte.
Tranquillement, les Frères Musulmans, les hommes de « l’islam total », s’emparent des leviers de commande. Déjà, sous Moubarak, comme sous Sadate et sous Nasser, ce n’était pas la joie pour les chrétiens discriminés bien sûr et souvent objets d’attentats, mais aujourd’hui, en plus, c’est la masse du peuple que l’on soulève contre eux.
Syrie.
Il y a seulement quelques semaines dans le Figaro le devin Alexandre Adler, qui ne peut ni se tromper ni nous tromper, annonçait une très positive évolution selon lui du régime iranien vers une forme de régime révolutionnaire plus social et moins théocratique, somme toute - c’est moi qui l’ajoute – une sorte de fascisme « moindre-mal ».
Il développait également combien, avec l’Iran, la Syrie demeurait un facteur majeur de la stabilité dans la région dans une opposition à Israël plus gesticulatoire que réelle.
La Syrie demeurait ainsi depuis des années (sauf pour moi et quelques autres) un pays cher à presque tout le spectre politique de l’extrême-gauche à l’extrême-droite.
On avait toutes les complaisances pour un régime certes connu sinon admiré pour sa maîtrise dans la combinaison de la corruption, de l’assassinat, du massacre, de la torture. N’exigeant aucune repentance pour nos diplomates et paras assassinés, Nicolas Sarkozy invitait Bachar el Assad à Paris pour un quatorze juillet.
Et le régime syrien de tenir dans un exploit d’équilibre diplomatique exceptionnel : allié de l’Iran et de son allié le Hezbollah libanais, bien vu des monarchies arabes, grand ami de la Turquie et de l’Égypte, resserrant ses liens avec l’Irak et avec tout ça en effet le meilleur ennemi possible pour Israël.
Mais de tels équilibres ne peuvent durer.
Il fallait ne rien connaître des haines qui couvent comme des volcans en attente d’éruption entre les sectes de l’islam pour croire que la paix syrienne serait durable.
Maintenant, chaque mort infligée par l’armée et la police du régime alaouite à un sunnite ou à un druze amplifie la révolte. Le point de non-retour a été atteint. Verra-t-on le Hezbollah chiite libanais, fort de ses milliers d’hommes voler au secours de son protecteur, le régime alaouite ?
L’affaire hélas risque de devenir de plus en plus sanglante.