Le juge des référés d’Avignon a débouté l’AGRIF de sa demande de retrait de l’espace public des représentations du « Piss Christ » d’Andres Serrano et a condamné notre association à 5.000 € de dommages et intérêts et à 3.000 € de participation aux frais de justice du défendeur. L’AGRIF est en quelque sorte sanctionnée pour s’être adressée à la justice.
Naturellement, l’AGRIF fait appel de ce jugement estimant que la présentation publique du « Piss Christ » constitue une injure, une provocation et une discrimination délibérées à l’égard des chrétiens.
« L’AGRIF veut vous dire que les chrétiens en ont assez d’être outragés et insultés ! (…) Que ceux qui font de la provocation à moindre frais avec l’argent du contribuable, cessent ce jeu ! », a pourtant plaidé l’avocat de l’AGRIF, Me Hervé de Lépinau.
Liberté artistique nous dit-on ? L’avocat de l’AGRIF a répondu que « le monde artistique ne joue pas avec ce qu’il est convenu d’appeler la deuxième religion de France, l’islam », rappelant au passage l’affaire du Strasbourgeois ayant uriné sur un exemplaire du Coran contre lequel le Parquet à requis 3 mois de prison avec sursis et 1.000 euros d’amende.
Me Tricoire, avocat de la Collection Lambert , a estimé qu’il n’y a « aucun rapport entre l’œuvre d’Andres Serrano et le fait d’uriner sur un Coran ».
Elle a été suivie par les juges.
« Artiste à Avignon, délinquant à Strasbourg ? » demandait l’AGRIF dans un communiqué du 12 avril dernier. Il a été répondu aujourd’hui par l’affirmative.
Comme nous l’avions pressenti, la défense de la Collection Lambert et le juge des référés se sont servis de l’ouvrage co-écrit par Mgr Albert Rouet, préfacé par Mgr Gilbert Louis (toujours évêque de Châlons-en-Champagne), L’Eglise et l’art d’avant-garde. « Un excellent ouvrage sur l’art contemporain », selon Me Tricoire qui s’est fait un plaisir de brandir les nombreux clichés scatologiques et pornographiques mis en valeur par ces évêques qui ont par ailleurs écrit dans ce livre à propos de Serrano « qu'il n'y a jamais eu pour Serrano une quelconque volonté d'outrage au crucifié », car « il utilise l'infamant liquide pour en exploiter les qualités plastiques étonnantes »…
Le jugement d’Avignon est donc aussi la victoire de ces deux évêques.
La vive réaction et la claire fermeté de Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, rappelées par Me Hervé de Lépinau, n’auront pas pesé lourd face à la caution « morale » de ses deux confrères.
L’AGRIF continue plus que jamais son combat pour la défense de la foi des chrétiens et le respect de la dignité humaine.