vendredi 30 juillet 2010

Mes intermittences

Plongé dans la préparation de quelques articles, conférences et livres éventuels, je ne m’exprime ces temps derniers qu’épisodiquement sur ce blog où je suis fort heureusement et bien plaisamment relayé par Yann Baly et Louis Chagnon toujours très pertinents.

Ce jour, je me dois tout de même de répondre à quelques questions sur la situation internationale que me posent certains d’entre vous, amis lecteurs.

Pourquoi le gouvernement britannique de David Cameron soutient-il ardemment l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne ?

La réponse est nous semble-t-il à plusieurs niveaux d’interprétation non contradictoires : traditionnellement le Royaume Uni est partisan d’une Europe du « libre-échange », très « élargie » mais peu « approfondie », c’est à dire peu unifiée et laissant aux Etats leur souveraineté. On pourrait comprendre et approuver cela si l’entrée de la Turquie devait mettre un terme au processus d’unification fédérale des nations européennes. Or, si la Turquie veut entrer, ce n’est évidemment pas seulement pour des raisons économiques mais pour des raisons nationales et religieuses. C’est ce que nous avons désigné dans Reconquête sous le terme de « retour ottoman ».

- De ce retour ottoman, le Royaume-Uni, qui n’a plus conservé qu’un vernis de christianisme et qui est de plus en plus islamiquement pénétré, ne se soucie point. Comment d’ailleurs ne pas se souvenir que les Britanniques ne se sont jamais préoccupés du sort des minorités chrétiennes en Orient, poussant cyniquement au contraire à l’extermination par les Druzes des maronites catholiques pour eux trop liés à la France ?

Totalement indifférents aussi au sort des Arméniens ou des Chaldéens lors du génocide de 1915.

- Sans doute aussi David Cameron voudrait-il recoller les morceaux entre la Turquie et Israël dont la séparation ruine toute la stratégie israélo-anglo-américaine.

Mais par ailleurs Cameron accuse de « traîtrise » l’allié pakistanais…

Bien sûr car à Londres comme à Washington comme à Tel Aviv on a misé, et on voudrait miser encore sur de bonnes relations avec un islam « modéré » et l’on ne se fait aucune illusion sur les possibilités d’entente avec cet islam talibanisé que l’on a jadis si impardonnablement suscité.

On le voit, ce n’est plus seulement le Moyen-Orient qui peut aujourd’hui s’embraser mais désormais tout l’Orient.

Croyez-vous à une nouvelle guerre Israël-Hezbollah au Liban ?

Avant de répondre à cela il faut observer que la présence à Beyrouth aujourd’hui du roi d’Arabie Abdallah et du syrien Bachar el Assad est un évènement diplomatique majeur d’un enjeu géopolitique extrêmement complexe où interviennent toutes les puissances régionales et mondiales et les entités principales du monde islamique.

Ce qui est en jeu comme je l’ai expliqué il y a quelques mois dans Reconquête c’est évidemment un échange, un échange très subtil que l’on peut résumer ainsi :

« On » redonne à la Syrie la main-mise sur le Liban à la condition que celle-ci musèle le Hezbollah et n’en fasse plus une menace pour Israël.

Mais qui est ce « On » ?

Ce « on », c’est l’accord politique de l’Amérique, d’Israël, de l’Arabie saoudite et de quelques autres dont la France qui compte assez peu même si avec Sarkozy-Kouchner elle fait semblant de manifester un peu d’intérêt pour le sort du Liban et de ses chrétiens.

Cela va-t-il réussir ?

Nul ne peut l’affirmer car reste à savoir comment l’Iran va réagir et manœuvrer le Hezbollah et si le régime syrien veut et peut se dégager de son alliance avec l’Iran.

Alors guerre ou pas guerre ?

Je pense qu’elle est très possible selon le scénario de départ que voici :

1)Assurance donnée à la Syrie qu’elle contrôlera totalement le Liban et qu’elle recevra l’appui du monde sunnite.

2)Les prétextes ne manquant pas, attaque massive par Israël et cette fois-ci, destruction impitoyable du Hezbollah quel qu’en soit le coût.

Et alors que se passe-t-il ?

-Bien sûr l’ensemble des Etats musulmans sunnites protesteront avec d’autant plus de virulence qu’ils seront décidés à ne rien faire alors que leurs foules hurleront dans la rue leur haine d’Israël et l’appel à la guerre sainte.

-Evidemment la Syrie n’interviendra pas au-delà de la gesticulation et de l’indignation.

-Mais c’est l’attitude de l’Iran que l’on ne saurait prévoir. Considérant que c’est une de ses cartes maîtresses qu’on lui enlèverait, son seul allié que l’on éliminerait, et que cela constituerait un préliminaire à la guerre totale contre lui, le régime islamo-chiite pourrait alors se lancer dans le conflit. Avec des conséquences que l’on ne saurait évaluer.

Quid des chrétiens du Liban ?

Ils sont minoritaires et ils sont divisés. La sympathie très engagée depuis longtemps qui est la mienne pour leur cause ne m’aveugle pas. Sauf extraordinaire bouleversement de situation, on ne voit pas comment ils pourraient interrompre un processus de minoration démographique et de régression vers la dhimmitude.

Ils ont été certes atteint comme tant de peuples par le mauvais génie de la division mais il est vrai qu’ils n’ont pas eu depuis longtemps de puissance protectrice et que ce n’est pas non plus dans l’ensemble de l’Eglise catholique qu’ils ont pu trouver un soutien.

Mais hélas, le spectacle de leur progressif étouffement ne semble pas nous avoir prémuni de notre désastreuse évolution. Chez eux au moins, beaucoup auront eu l’honneur de se battre héroïquement.

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Nous apprenons le décès de notre grand ami, militant fidèle jusqu’au bout de Chrétienté-Solidarité, de l’Agrif et de tous les combats nationaux, le commandant Guy Daniel.

A son épouse nous exprimons toute notre sympathie et notre union de prière.

Les obsèques de Guy Daniel auront lieu ce mercredi 4 août à 14heures en l’église de Mennecy (91).