mardi 5 janvier 2010

Le sacrifice de Robert Park : folie aux yeux des hommes…

Dans la nuit, avant l’aube de Noël, Robert Park, 28 ans, militant chrétien américain d’origine coréenne, a traversé le fleuve Tumen, gelé en cette saison, passant ainsi de Chine en Corée du Nord. Les militants qui l’avaient accompagné jusqu’au fleuve ont rapporté l’avoir entendu clamer en arrivant sur la rive coréenne : « Je suis un citoyen américain, je vous apporte l’amour de Dieu ». Robert Park s’est enfoncé dans la nuit glaciale non loin de la ville de Hoeryong d’où ne filtrait aucune lumière. Car nul éclairage n’adoucit la nuit dans les villes et les campagnes du pays de Kim Jong Il, hormis ceux qui, à Pyongyang, la capitale, illuminent sa statue.

Robert Park était porteur d’un message au dictateur proclamant l’amour du Christ, lui demandant d’ouvrir les frontières pour combattre la famine et de fermer les camps de concentration. Avant son départ, Robert Park avait déclaré à l’agence Reuters à Séoul que tant que les camps ne seraient pas fermés, il ne voudrait pas être libéré, prêt à mourir avec les prisonniers, sacrifiant sa vie pour la rédemption des autres.

J’ai beaucoup pensé à Robert Park en ce début d’année. Qu’en est-il de lui aujourd’hui ? Encore vivant ou déjà mort ? Subissant de longs et impitoyables interrogatoires puis jeté dans quelque cellule sale et froide ?

On dira sans doute qu’il était un illuminé, un de ces fous de protestants évangélistes exaltés. Peut-être. Mais quelques prophètes de l’Ancien Testament n’étaient-ils pas un peu de cet acabit ? Et lorsque les missionnaires s’enfonçaient, solitaires, dans les terres les plus hostiles, étaient-ils des gens sages aux yeux de tous ?

La Corée du Nord est aujourd’hui un des derniers avatars monstrueux du ventre fécond du marxisme-léninisme stalino-maoïste. Un régime de folie totalitaire chimiquement pure ordonnée autour du culte de son grotesque et méchant petit dictateur dont un peuple que ruine la dépense militaire et que déciment les famines, chante sans cesse les louanges.

Ce n’est pas ici le lieu d’analyser la fonction dialectique de la Corée du Nord dans la stratégie chinoise de diplomatie et de propagande. Disons simplement qu’à la comparaison, le régime de Pékin d’aujourd’hui y trouve son compte. L’important c’est Robert Park. Son héroïsme nous donne la mesure de nos pusillanimités, de nos lâchetés, de nos compromissions.

Si l’on ne peut, ou si l’on n’est pas capable de pareil geste, faudrait-il pour autant s’interdire de l’admirer ? Faudrait-il se rapetisser médiocrement en essayant de dévaluer son acte sacrificiel par l’imputation de quelque démesure mystique ? Ce serait ajouter l’abjection du dénigrement à notre vie précautionneuse.

Mais il ne suffit pas d’admirer Robert Park, il faut savoir ce qu’il en est advenu. Les media et les professionnels de l’humanitarisme se désintéresseront-ils du sort d’un immigré si peu clandestin qui offre sa vie pour tout un peuple ? Nous reparlerons de lui je l’espère.

En attendant, pour l’année qui s’ouvre, puisons dans son exemple un peu de résolution à mener pour le moins, ici, chez nous les combats pour notre patrie, la vie et la liberté. Avec tout ce que l’on peut vous souhaiter sur le plan personnel, c’est le vœu que je formule pour vous, chers visiteurs de ce blog.

Bonne et sainte année dans l’espérance.