vendredi 8 janvier 2010

Franc-maçonnerie : ce n’est pas un sujet tabou !

Le dernier film de Dan Brown, « Le symbole perdu », a déclenché une vaste agitation éditoriale.

S’engouffrant dans le large créneau de « marketing » ouvert par le spectacle, livres et magazines abondent sur le sujet.

La franc-maçonnerie est fréquemment le recours des publications en période creuse d’actualité. A peu de choses près, on ressort les mêmes articles inusables en mixant un peu les ingrédients : le temple de Salomon, les templiers, les Rose-croix, la Kabale, les rites et symboles, les hauts grades, les fraternelles, etc..etc…

Dans notre ouvrage « Vérités sur la franc-maçonnerie » nous avons exposé les origines et le cheminement du phénomène dans l’histoire moderne, la subversion de l’ancienne maçonnerie « opérative », d’essence catholique, en maçonnerie « spéculative », idéologique et utopique.

Nous avons exposé sa constitution en véritable contre société, en hiérarchies parallèles d’influences occultes des pouvoirs, et même en pouvoirs invisibles et donc irresponsables et à l’abri de toute contestation.

Dans les secteurs essentiels de la vie sociale, l’influence maçonnique est souvent ressentie avec agacement par ceux qui ne font pas partie des loges. Plus ou moins distinctement, ils perçoivent des connivences, des copinages, des phénomènes de courte-échelle, et bien des complaisances affairistes voire carrément mafieuses.

Le pouvoir maçonnique n’est pas de même nature que celui d’un parti unique de type nazi ou communiste dans un régime totalitaire.

Il est plus insidieux, plus subtil, plus indirect. Il s’exerce surtout dans la pratique par le biais des « fraternelles », réunissant au sein d’un même corps professionnel les frères émanant des diverses obédiences. Aussi, quels que soient ses prétextes idéologiques, républicains, égalitaristes, humanitaires, la maçonnerie indispose ceux qui perçoivent qu’elle est de fait une ramification de complicités discriminatoires à tous niveaux où le « non-frère » ne dispose pas des soutiens et des relais dont bénéficie le « frère ».

Or, tout le monde ne peut être franc-maçon, cela n’aurait plus d’intérêt… Alors, « l’ordre » maçonnique n’est tout de même pas entièrement à l’abri des regards, des enquêtes, des critiques. La forme d’appartenance maçonnique, ses titres pompeux, ses cérémonials, ses falbalas, ses fantasmagories, ses singeries mimétiques de la religiosité chrétienne répugnent tout de même à beaucoup, même dans le monde médiatique et politique.

Ainsi, les livres de Sophie Coignard (1) et de François Koch (2) ont-ils l’intérêt, pour le grand public, d’exposer au moins partiellement ce qui hélas est d’ordinaire réservé aux auteurs de notre bibliographie, et à ce que nous avons écrit nous même avec, nous le pensons, plus de perspective historique et analytique.

C’est donc avec plaisir que l’on a pu lire par exemple leurs propos dans « Historia » mais aussi, plus encore, dans l’important entretien publié pourtant dans une revue du sérail médiatique : « Médias ». Dans cette dernière « Où se cachent les journalistes francs-maçons ? » est l’intitulé du dossier.

Après lecture, on pourrait presque en concevoir un autre qui serait titré « Quels sont les journalistes importants à n’être pas francs-maçons ? ».

Sophie Coignard et François Koch exposent qu’ « il y a, sauf accident, des frères dans toutes les rédactions ». L’accident doit être rare…

Ils révèlent ainsi par exemple le mode de gouvernance maçonnique à TF1 sous la direction de Patrick Le Lay : « Ce dernier organisait de temps en temps des déjeuners maçonniques à l’étage noble de la tour. Tous les maçons, à tous les échelons de la hiérarchie, recevaient leur petit carton…» Et un peu plus loin : «A l’époque, il y avait énormément de francs-maçons dans la hiérarchie de TF1 ». Et que l’on pèse bien ce qui suit : « Un rédacteur en chef, franc-maçon aussi, envoyait du papier bleu à tout journaliste qui posait la moindre question ».

Ce que nous venons de citer suffit à nourrir une réflexion sur le mode d’exercice de la domination maçonnique, sur le phénomène essentiel que sans cesse nous avons mis en relief de la hiérarchie parallèle et de surcroît sur ce qu’il faut bien désigner comme la violence maçonnique (« le papier bleu »).

Nous avons souvent dit que plus encore qu’une pseudo-activité philosophique c’était essentiellement cela qu’il fallait observer, dénoncer, contester. Car une hiérarchie parallèle ce n’est pas autre chose qu’un pouvoir réel mais occulte, non assorti de visibilité et de responsabilité.

Les mécanismes de fonctionnement du pouvoir d’influence maçonnique avec ses hiérarchies parallèles est facile à comprendre avec cet exemple de TF1 :

- D’un côté, une minorité d’initiés, de complices, répartie à tous les niveaux de la hiérarchie, qui se concertent, s’informent, se renseignent, s’entraident, se liguent facilement contre ceux qui se mettent en travers de leurs plans.

- De l’autre, une majorité d’individus obéissant à leurs missions professionnelles, sans idées de manœuvre, sans secrète complicité.

Il est aisé de comprendre comment la minorité sans contre-pouvoir, peut faire progresser ses intérêts. Sophie Coignard rapporte que selon un « frère » technicien, la proportion de maçons à France 2 comme à France 3 est de un sur trois : chiffre sans doute à peu près idéal pour la tranquille gouvernance maçonnique !

Le phénomène des hiérarchies parallèles et des pouvoirs occultes d’influence est ainsi ce qu’il y a de plus parfaitement antidémocratique. Car très logiquement, sans passion aucune, sans exagération, on peut imputer à la franc-maçonnerie en raison de son mode fonctionnement, autant que par ses utopies, de vicier largement notre système politique depuis la Révolution dite française.

Sophie Coignard évoque la loge du Grand Orient « Spartacus composée de journalistes, de patrons de médias, de patrons de l’audiovisuel et de producteurs ».

En admettant même (avec beaucoup de naïveté) que ce qui réunirait ces gens soit un pur désir d’activité philanthropique, comment pourrait-on croire un seul instant que Spartacus ne serait pas un lieu de connivence et de pouvoir idéologico-professionnel ?

Et, de même au Figaro où, sans mollir, le frère Jean Miot soutint le frère Crozemarie, l’ignoble escroc détourneur de fonds de l’Arc (3).

Sophie Coignard, à propos des francs-maçons au Point s’exprime encore ainsi sur les liens entre les journalistes membres de la fraternelle du Renseignement et « leurs éventuelles sources » : « On peut considérer que cela n’a pas beaucoup d’importance ; mais aussi que, dans un certain nombre de cas, cela peut être grave…Prenons un exemple concret : une affaire politico-financière, les H.L.M. de la ville de Paris pour ne pas les nommer, où quasiment tous les protagonistes sont francs-maçons, sauf un ou deux qui y ont échappé par extraordinaire. Qui appellent-ils dans les rédactions pour étouffer l’affaire ? Leurs frères. »

Nous avons suffisamment chaque jour de motifs d’indignation sur la vie politique et médiatique pour ne pas nous réjouir lorsque sont ainsi dévoilées de révélatrices vérités. Reste que l’influence maçonnique ne s’exerce pas seulement pour des visées de pouvoir mais pour imposer par ce pouvoir, les idées et lois politiques et sociales les plus funestes.

(1) Sophie Coignard, auteur de « Un Etat dans l’Etat-le contre pouvoir maçonnique » (Albin Michel)

(2) François Koch, auteur de « Le Vrai Pouvoir des francs-maçons » (Express-Roularta)

(3) Association de recherche contre le cancer.