jeudi 5 novembre 2009

Le communisme : ses crimes, ses collabos, ses opposants (8 et fin)

Soljenitsyne, la force du témoignage

Comment ne pas terminer cette série de tableaux, rapidement dressés, sur le communisme, à l'occasion des 20 ans de la chute du mur de Berlin et avant notre manifestation de samedi, par l'évocation de Soljenitsyne qui, avec Jean-Paul II, fut l'un de ceux qui commencèrent de faire trembler l'édifice soviétique sur ses bases. Nous reproduisons ici l'extrait du magnifique article que notre amie Monica Papazu a donné à Reconquête (n°251, sept. 2008) après la mort du grand écrivain russe. Y.B


La vie de Soljenitsyne fut longue et elle fut bien mise à profit. Soljenitsyne a réussi à écrire des pages essentielles sur l'expérience du mal radical qu'a faite l'humanité au XXe siècle. Il lui a été donné de connaître de près, au cours de son long exil, l'Occident avec ses faiblesses et ses maux ("le déclin du courage", la perte des "fondements universels", sans lesquels "il n'est pas de morale possible", l'éclipse de la conscience nationale). Il lui a été donné d'être le témoin de la chute du communisme, et il a eu le temps de tenir sa promesse de rentrer en Russie et de traverser, aux côtés de son peuple, la période trouble de l'après-communisme. Il l'a fait le coeur serré : "L'édifice de béton ne s'est pas encore écroulé. Et il ne faut pas qu'au lieu de sortir libérés, nous périssions écrasés sous ses décombres." Le temps qui lui fut accordé lui a permis d'écrire la grande chronique de son peuple, de raconter l'histoire de la révolution (La Roue rouge), d'essayer de renouer avec les fondements historiques et spirituels de la Russie.(...)
Soljenitsyne a été un témoin - un témoin du temps, témoin de son peuple : "Je ne suis qu'un témoin parmi d'autres de ce siècle qui, pour la Russie, n'en finit pas d'être atroce."
Mais au fond, de cette passion de la vérité et de ce souci pour l'homme, au fond de ce témoignage qui continue de rayonner d'espérance, il y en a un autre : Soljenitsyne était Lazare - et Lazare a parlé.

Monica Papazu