En mars 1975, alors que le Premier ministre français Jacques Chirac (ancien adhérent du PC"f" et vendeur de L'Humanité dimanche, cf Le Nouvel Obs. de la semaine dernière) est en voyage officiel à Moscou pour cirer les pompes de Brejnev, deux jeunes militants du Mouvement solidariste français (M.S.F.) réalisent un coup audacieux en plein cœur de Moscou.
Le lundi 24 mars 1975, ils prennent l’avion à Paris, direction la capitale soviétique dans le cadre d’un voyage organisé. Ils sont chargés de valises dont le contenu n’est pas habituel pour des touristes. Ce ne sont pas des touristes…
A 18 heures, Jacques Arnould et Francis Bergeron, se retrouvent à la sortie d’une bouche du métro moscovite, à quelques pas de la Place Rouge. Là, ils ouvrent leurs valises et commencent à en distribuer le contenu aux Moscovites rentrant chez eux après une journée de travail. C’est la sortie des bureaux (l’heure a été choisie pour cela) et la foule est dense. Une rumeur traverse la foule "Soljenitsyne ! Soljenitsyne !" Les deux militants anti-communistes distribuent en effet une édition en russe de L’Archipel du Goulag, paru en 1973 et bien entendu interdite en URSS. Il y aussi des tracts et une traduction de la Bible. En quelques minutes, c’est de la folie, la foule se rue sur les documents interdits. Les Moscovites savent qu’il faut faire vite, ces jeunes occidentaux ne vont pas pouvoir tenir longtemps.
Effectivement, quelques minutes plus tard, la milice de quartier se jette sur les militants solidaristes et saisit ce qui reste du contenu des valises.
En état d’arrestation, les Français sont interrogés par la police. Ils risquent trois ans d’emprisonnement. Ils se sont préparés à purger une annnée dans les geôles soviétiques. Finalement, ils sont expulsés 24 heures plus tard.
La presse française sera quasi-unanimement silencieuse sur cette action courageuse, malgré une campagne de presse remarquablement organisée et synchronisée par le M.S.F depuis Paris. Seuls Minute et Dominique Jamet dans L’Aurore rendront l’hommage qu’il se doit à ces militants de la liberté. Le Figaro, organe des bien-pensants, se contentera d’un entrefilet.
Ancien responsable militant de Chrétienté-Solidarité, Jacques Arnould sera avec nous pour la veillée de ce samedi 7 novembre à Paris. Il dirigera les chants du Chœur Montjoie Saint Denis qu'il anime et prendra la parole en cours de soirée. Francis Bergeron nous accompagnera par la pensée, retenu par le salon du livre de Brive-la Gaillarde où il dédicacera les dernières éditions du Clan des Bordesoule dont il est le talentueux auteur.
Yann Baly