mardi 18 août 2009

A propos de juifs

Je lis ce jour dans Le Figaro un billet de Yann Moix, écrivain et chroniqueur au Figaro Littéraire. Cet intellectuel s’étrangle d’indignation à propos d’un film présenté à Avignon où l’on aurait « collé » (il veut dire accolé) le mot « milice » au mot « juif ». Il écrit : « Cela n’est pas un oxymore, c’est une honte ». Vraiment je ne vois pas pourquoi il réagit ainsi. Il y a eu en effet des milices juives en Israël et ailleurs, et même à Paris, présentées comme telles dans Libération notamment.

Ce charmant garçon si oxymoresque semble tout ignorer de l’histoire du Bar Giora, du Betar, de l’Irgoun, du Ha-Chomer devenu la Hagannah, du Palmah, du groupe Stern et du sionisme en général (mouvement national juif dont je comprend les motivations comme je comprend celles des nationalistes palestiniens, irlandais ou autres, sans toujours les approuver).
Pour ma part, je n’éructe pas de rage lorsque l’on évoque les trop rares, hélas, milices arméniennes de jadis face au génocide ou encore, plus près de moi, les milices chrétiennes des Forces Libanaises de Béchir Gemayel et Samir Geagea ou celles des Tigres du président Chamoun.
J’ai envie d’envoyer à ce bon Moix quelques extraits de Jabotinski, de Gordon ou d’Akhimeir et même de leur ami Begin.
Mais j’ai peur qu’il n’en meure de suffocation. Car si on ne peut appeler milices leurs organisations de combat, comment les appeler autrement ? Petits frères des pauvres de Palestine ? Gentils animateurs de Samarie-Galilée ? Aimables boy-scouts de Deïr-Yassine ? N’ayant vraiment, on le sait, aucune animosité de principe contre les juifs, ni contre l’Etat d’Israël, je trouve que vraiment l’indignation stupide de naïveté de Yann Moix ne peut que desservir la cause qui semble lui être chère.
Et, en fait, la révolte des Maccabées contre Rome, puis celle plus tard de Bar Kohba, ne se déroulèrent-elles pas avec des sortes de milice et même de sacrées bandes de sicaires ?
Mais taisons ce mot de milice que les chastes oreilles idéalistes de Yann Moix ne sauraient supporter. Ce genre de facétie d’intello, c’est à faire réveiller de sa léthargie et éclater de rire le bon général Sharon !