A Charlotte Gainsbourg, le prix de la pourritude.
Cette expression, "le prix de la pourritude" est le titre de l’article de Caroline Parmentier commentant hier dans Présent le prix d’interprétation féminine décerné au festival de Cannes à Charlotte Gainsbourg pour son rôle dans Antichrist. Mais c’est ce court article qui mériterait un beau prix : en quelques mots, juste ce qu’il faut pour évoquer l’abjection du spectacle, la cruauté de sa pornographie morbide et mortifère, exhibition acharnée de voyure et de vomissure ; en quelques expressions, la description de cette « pourritude » en effet avec son système dominateur de congratulation et de connivence rémunératrice. Charlotte Gainsbourg est héroïne de la pourritude pour la façon dont elle transgresse avec frénésie les tabous de la morale naturelle la plus élémentaire.
Mais ça, c’est le conformisme de cette pourritude dont le tabou sourcilleux est qu’il ne saurait plus y avoir de tabou… sauf de s’en prendre à sa domination. Car la perversion du film n’est pas dans son thème, celui d’un voyage au bout de l’obsession, de la folie, de la mort. Elle réside dans l’acharnement exhibitionniste.
Ce n’est pas le titre qui est choquant. Au contraire ! Antichrist, c’est bien en effet ce dont il s’agit. Les scènes sont celles de la fureur contre la vie, contre l’amour, contre l’espérance. C’est une fois encore l’expression de la haine nihiliste contre la religion de l’incarnation, de la vie, de l’amour, de la liberté.
Au fond, il est aisé et nécessaire de tirer une morale de la parution misérable de ce film : il est spectacle de mal, de folie, d’instinct de mort, que résume bien le vocable « antichrist ». Le Christ, c’est en effet la voie, la vérité et la vie, tout ce que déteste la pourritude friquée qui, misère matérielle en moins, se reconnaît dans l’instinct de mort des personnages d’Antichrist.