jeudi 13 novembre 2008

La rengaine des mutins

Le fait est désormais devenu traditionnel. Chaque 11 novembre, l’évocation de la Grande Guerre par l’établissement médiatique se limite à parler des mutins de 1917. A tel point que le jeune français qui ne connaît pas la véritable histoire de la terrible guerre de 14-18 est amené à penser que les poilus étaient tous des révoltés ou des déserteurs en puissance. Rappelons que seuls 3.500 soldats français ont été condamnés par les tribunaux militaires pour des faits de mutinerie en 1917. 3.500 sur les millions de Français mobilisés durant ces 4 années. 3.500, chiffre dérisoire devant les 1,4 millions de tués ou disparus de notre Nation.
Voilà donc un bel exemple de discrimination positive appliquée à l’histoire et à la mémoire nationale. Les mutins de 1917 sont élevés au rang de minorité visible à mettre en valeur, par le seul fait qu’un jour, ils ont refusé de se battre. Les autres, ceux qui se sont battus courageusement dans cet atroce conflit, les mutilés, les disparus et les morts n’ont qu’à bien se tenir au fond de leurs cimetières et de leurs ossuaires. Leur histoire n’intéresse pas les tenants de la pensée officielle, elle est trop banale.
Cette démarche d’auto-flagellation ne se limite plus aux médias puisque Nicolas Sarkozy y est allé de son couplet larmoyant sur le sujet, lors de son déplacement à Douaumont pour le 90e anniversaire de l’armistice. A la tête de l’Etat aussi, l’on met en avant la minorité visible des mutins. Une fois de plus, le Président de la République se livre à la repentance qu’il avait pourtant qualifiée de « forme de haine de soi » le soir de son élection.
Dans sa lancée et fort logiquement, après avoir évoqué les causes des mutineries comme il l’a fait, Sarkozy aurait pu rendre un hommage appuyé au général qui a mis fin aux offensives inutiles et meurtrières tout en améliorant les conditions de vie des soldats au front. Cet homme là a été fait Maréchal de France et, à ce titre, sa tombe était fleurie chaque 11 novembre par le Président de la République jusqu’à l’arrivée de Jacques Chirac à l’Elysée. Il s’appelait Philippe Pétain.

Yann Baly