mardi 7 octobre 2008

Réplique à Lecture & Tradition

Il n’est pas qu’au parti socialiste que la rénovation est nécessaire. Au sein de la droite nationale, une réflexion de fond est également impérative.
Dans cette optique, depuis maintenant plusieurs années, Bernard Antony apporte sa pierre à l’édifice.
Constatant avec justesse que la droite nationale était lestée par de vieilles querelles, il s’est attelé à un travail de fond sur des questions qui, très souvent, stérilisent la réflexion, chacun y allant de son incantation.
Parmi ces thèmes, il y a bien sûr la question récurrente de l’antisémitisme.
Pour mener à bien son travail sur ce sujet, Bernard Antony s’est comporté en honnête homme, se plongeant à la fois dans la littérature juive, afin d’écouter ce que les Juifs disent d’eux-mêmes, de leur foi, de leurs pratiques et de leur histoire, mais aussi dans la vaste littérature qui existe sur ce sujet, comme le prouve la recension d’une centaine de livres qui clôt son Histoire des Juifs d’Abraham à nos jours, publiée aux éditions Godefroy de Bouillon en 2007.
Comme pour son livre de pédagogie sur l’islam, L’Islam sans complaisance (2005), le livre de Bernard Antony sur l’histoire des Juifs ne fait aucune concession. Il fait notamment justice aux chrétiens, à chaque fois que cela est nécessaire, en pulvérisant, faits à l’appui, les poncifs répétés à satiété par ceux qui tentent de faire croire que les chrétiens n’ont eu de cesse de maltraiter les juifs au cours de l’histoire. A ce titre, les pages consacrées à la défense de Saint Louis ou des croisés seraient à apprendre par cœur par tout militant un peu sérieux.
C’est pourquoi le jugement porté par Claude Mouton-Raimbault, dans la recension du livre de Bernard Antony, publiée dans la revue Lecture & Tradition, est proprement ahurissant. Il reproche notamment à Bernard Antony de ne pas suffisamment souligner « la césure entre la Tora et le Talmud, c’est à dire entre l’Ancien Testament et l’enseignement rabbinique depuis la Crucifixion et la destruction du second Temple ».
C’est à croire que Claude Mouton-Raimbault n’a pas lu le chapitre« Judaïsme et christianisme » qui dit notamment : « C’est par rapport à cet événement "Jésus" que les Juifs eurent à se définir. Pour la plupart, ils considéraient qu’en affirmant qu’il était le Maître de la loi, le Maître du Sabbat, qu’il avait le droit de remettre les péchés, il était le scandale personnifié. Beaucoup approuvèrent donc le Sanhédrin allant exiger sa mort de Pilate. Mais beaucoup d’autres aussi, après sa mère, les apôtres et les premiers disciples, le reconnurent comme fils de Dieu et allaient s’appeler chrétiens. » (p97)
C’est à croire que Claude Mouton-Raimbault n’a pas non plus lu le chapitre consacré aux textes sacrés du judaïsme qui débute justement par une distinction entre la Tora et le Talmud ! Bernard Antony précise aussi à plusieurs reprises que la rédaction du Talmud a été achevée au 5ème siècle après Jésus-Christ et qu’il ne peut donc pas être confondu avec la Tora, « c’est à dire l’ensemble du Pentateuque que Dieu aurait dicté à Moïse et que celui-ci aurait écrit lui même » (p101), est-il besoin de le préciser, bien avant Jésus-Christ ! Impossible donc de les confondre même si Bernard Antony dit que Tora et Talmud sont « quasi-fusionnés » dans le judaïsme post-christique. Faut-il également préciser que Bernard Antony ne manifeste guère d’admiration pour le Talmud sinon pour le tour de force casuistique et surréaliste qu’il constitue !
Il est dommage que le rédacteur de ce bulletin, nommé pourtant Lecture&Tradition, ait bien du mal à comprendre ce qu’il lit. C’est la preuve qu’il ne s’inscrit même pas dans une élémentaire tradition de lecture consciencieuse.

Cécile Montmirail


On peut commander l'ouvrage de Bernard Antony, Histoire des Juifs d’Abraham à nos jours au Centre Charlier 70, boulevard Saint Germain 75005 Paris. 44€ franco de port (chèque à l'ordre du Centre Charlier).