mardi 3 juin 2008

Christian Delorme et l'évangelisation en Algérie

Nous prenons connaissance ce soir de la tribune dans Le Monde de Christian Delorme intitulée "Non, l'Algérie n'est pas antichrétienne" et dans laquelle ce prêtre "engagé de longue date dans le dialogue islamo-chrétien", nous invite à "réfléchir à la légitimité du prosélytisme chrétien en terre d'islam."
Revenant sur les procès d'anciens musulmans convertis au christianisme évangélique et sur les mesures répressives restreignant "l'exercice du droit de vivre sa religion pour les chrétiens de différentes dénominations", Christian Delorme regrette que l'Algérie se retrouve chez nous au banc des accusés : "cette situation est au moins autant dramatique pour l'Algérie, dont l'image se trouve ainsi salie, que pour les chrétiens en question." Une telle affirmation est consternante : comment un prêtre peut-il affirmer que la mise en cause de l'Etat algérien pour sa répression antichrétienne est tout aussi déplorable, et peut être même davantage, que le sort de ceux qui la subissent?
Bien qu’il convienne de la "dégradation de la vie des chrétiens" en Algérie, Christian Delorme justifie la politique religieuse du pouvoir algérien. Selon lui, "l'Algérie n'est pas une terre antichrétienne", puisqu’il a été reçu avec beaucoup de marques d’attention par de hautes autorités étatiques et religieuses lors d’un récent séminaire consacré au célèbre émir Abd El Kader. On peut comprendre que l’actuel responsable du dialogue avec l’islam du diocèse de Lyon, ait vu ses capacités de discernement entamées par le bon accueil de ses hôtes algériens. C’est un syndrome bien connu affectant les chrétiens de gauche.
On comprend moins qu’un prêtre catholique se fasse le chantre de l’illégitimité du prosélytisme chrétien en « terre d’islam » en l’assimilant à une entreprise coloniale de « la puissance impériale américaine ».
Au motif que « ce qui fait fondamentalement l’unité de l’Algérie, c’est son islamité », Christian Delorme dénie aux chrétiens, plus courageux que lui, d’annoncer l’Evangile au risque de leur liberté, et parfois de leur vie.
Il est consternant de voir un prêtre catholique se faire le plumitif d’un état qui condamne un autre prêtre à un an de sursis pour avoir célébré une messe sans autorisation. Quel contraste avec les résultats obtenus en Kabylie par ces missionnaires qui encourent 3 années de prison pour détention de bibles!
Dans les prochains jours, l’AGRIF fera part aux autorités de l’Eglise de France de son incompréhension face à ces propos justifiant la répression antichrétienne en Algérie et, d'une certaine manière, l'abandon de tous les Algériens susceptibles de se tourner vers le Christ. Lors de ses prochaines conférences, Bernard Antony, ne manquera pas d’évoquer cette tribune assez symptômatique de toutes ces logiques d'abandon qui minent l'Eglise.

David Fontey