mercredi 9 janvier 2008

« POLITIQUE DE CIVILISATION » : VRAIMENT ?

Bien que que ses discours ne soient point exempts d’injures à la grammaire française, Nicolas Sarkozy est, tout le monde le reconnaît, un bon orateur à la voix chaude et aux accents persuasifs.
Cependant, l’utilisation répétée des grosses ficelles de séduction commence à ternir cette image.
Peut-être est-il encore attendrissant pour certains lorsqu’il confie avec un léger trémolo et une affectation de poignante sincérité : « Avec Carla, c’est du sérieux ! »
L’embêtant c’est qu’à force d’avoir utilisé ses dons d’acteur, on ne peut plus s’empêcher de le voir, comme au cinéma, jouant le rôle du séducteur qui veut persuader ses copains et peut-être se persuader lui-même que cette fois, c’est vraiment la « der des der ».
Quoi qu’il en soit, si ce qu’il dit est vrai, qu’avec Carla « c’est du sérieux », cela sous-entend qu’avec les précédentes ça ne l’était pas !
La vie sentimentale de Nicolas Sarkozy ne nous intéresse pas outre mesure sinon dans l’ordre de l’influence idéologique et culturelle que peuvent exercer ses proches.
Or voilà que réapparaît comme figure emblématique de « la politique de civilisation » qu’il vient de sortir de son gibus celle à qui il jeta un jour de campagne électorale avec sans doute une parfaite sincérité un très platonique « je vous aime » : Simone Veil. Ses propos sur cette soi-disant politique de civilisation n’ont été assortis que d’affligeantes platitudes sur sa volonté de mettre l’homme, l’humain et l’humanisme au cœur de son action. Comme si ses prédécesseurs n’avaient pas tenu ce même discours creux que l’on entend presque partout dans la bouche de médiocres sans inspiration, sans humour, sans originalité, tous pareillement et gravement, sentencieusement et quasi héroïquement humanistes !
Tous en effet, quand ils n’ont rien à dire, nous causent de l’homme au centre de leurs préoccupations.
Comme si ce n’était pas la moindre des choses de la part des politiques, des syndicalistes, des médecins et même de tous les autres, y compris des agents des Pompes Funèbres et les vendeurs de « mort aux rats ».
Les plus affligeants, il est vrai, dans cette gamme conformiste sont la plupart des pasteurs de nos églises qui s’appliquent à ne pas plus évoquer Dieu que les grands penseurs super-humanistes des loges maçonniques.
Nicolas Sarkozy s’est bien gardé de préciser ce qu’il entendait par civilisation et par là même quelle civilisation il entendait défendre ou promouvoir.
En général lorsque l’on parle de civilisation, il n’est pas sans intérêt de considérer aussi la (ou les) barbarie qui la menace. Sur cela, silence micro.
Pour nous, outre les barbaries, un peu partout, de la sauvagerie, du terrorisme, du satanisme, il y a celle de notre décadence dans l’oubli de la loi morale judéo-chrétienne. C’est celle de la culture de mort selon l’expression de Jean-Paul II, propre aux sociétés développées.
C’est sous le couvert du dégoulinant discours humaniste le refus de l’accueil de la vie, les manipulations génétiques, la subversion de ce qu’est la famille naturelle fondée sur le couple de l’homme et de la femme dans leur complémentarité naturelle.
Alors sommes-nous perplexes et à vrai dire très inquiets lorsque Nicolas Sarkozy confie très sérieusement à la femme qu’il a toujours aimé idéologiquement la tâche de modifier le préambule de la Constitution. Il faut sur ce point très sérieusement peser ce qu’il déclare : « Il s’agit que sur les problèmes philosophiques, moraux, éthiques posés par la modernité, notre constitution soit en avance sur notre temps et non pas en retard ».
Pèse-t-on bien ce que cela signifie ? Il faut sans doute considérer la part de l’élan, de l’emphase, de l’incantation. N’empêche que sur le fond, ces propos sont lourds de dérive totalitaire.
Ainsi la constitution devrait-elle cadrer la philosophie, la morale, l’éthique ? Et qui donc concoctera le texte d’une pensée en avance sur son temps ? De belles perspectives de combat s’ouvrent là.
« Politique de civilisation » toujours, le chef de l’Etat a invoqué sa conception de la politique d’immigration. Ce qu’il a dit révèle tout simplement qu’il ne conduira aucune mesure essentielle.
On ne contingentera pas, a-t-il dit, le nombre des réfugiés politiques.
Mais en Afrique, avec l’immense frénésie des conflits raciaux et tribaux et leurs épurations, ce sont des dizaines de millions de personnes qui peuvent être considérées comme des « réfugiés politiques ».
Avec 475 millions d’Africains de moins de 18 ans, Nicolas Sarkozy évoque des « flux inéluctables ». Alors, lorsque la France sera africanisée et connaîtra de plus en plus à son tour les conflits tribaux, claniques, raciaux, où iront les réfugiés ?
En attendant, les petits français sont de plus en plus victimes d’une école qui non seulement n’intègre plus les petits immigrés mais qui les désintègre tous.
Nicolas Sarkozy entend donc « reconstruire en priorité le primaire ».
La constatation qu’il est détruit est déjà une bonne chose. Mais qui donc l’a détruit ou laissé détruire sinon tous les gouvernements de la V° république gaulliste ?
Or, ni Sarkozy ni son entourage ne semblent vouloir constater que la plus catastrophique des perversions pédagogiques, la formation la plus destructrice de l’intelligence est la lecture globale. Ils le savent bien. Pourquoi ne s’y attaquent-ils pas ?
Peut-être pour réserver à quelques-uns l’exercice de la pensée rationnelle ? On retrouve là le meilleur des mondes !