mercredi 25 avril 2007

PARUTION DU DERNIER OUVRAGE DE BERNARD ANTONY:

Présentation par l'éditeur:

Voici un livre fondamental sur l'histoire du peuple juif, sur sa grande cassure par rapport au Christ, sur ce qu'est le judaïsme, sur les Juifs dans les temps modernes divisés entre les fidèles à la loi de Moïse et les Juifs de l'oubli, les révolutionnaires adeptes du marxisme ou autres idéologies athées, du prosélytisme homosexuel et de la culture de mort, tout comme aussi tant de chrétiens infidèles. C'est une vaste fresque historique, religieuse, théologique même et politique que nous brosse Bernard Antony, depuis les Hébreux jusqu'à l'actuel Etat d'Israël. C'était une formidable gageure. Elles est réussie !
Pourquoi a-t-il voulu coûte que coûte accomplir ce travail ? Parce que après des années de réflexion sur une conception moderne de la chrétienté, après son livre L'islam sans complaisance, il a voulu pousser aussi loin que possible son regard sur ce qu'il croit, sur ce qu'il sait être le phénomène central de l'histoire des hommes : le rôle providentiel « du peuple que Dieu s'est choisi », croyant, n'en déplaise aux antisémites, à cette parole lourde de sens de Jésus-Christ : « Le salut vient des Juifs » (Jean, 4, 22). Par eux, en effet, pense-t-il; mvstérieusement Dieu a voulu partiellement révéler aux hommes le pourquoi de leur vie, l'origine du mal, les règles de la morale, leur raison d'être et d'espérer. Il y a deux dimensions dans son travail. La première est celle du narrateur des événements et de la pensée, s'efforçant scrupuleusement de n'évoquer que ce qui lui semble historiquement fiable et intellectuellement juste. Il nous a révélé la difficulté, en certains cas, devant les variations voire les contradictions dans l'exposé des faits selon les historiens. Il s'est efforcé de se référer à ceux qui sont d'abord de véritables penseurs et historiens, tel Robert Aron, avant d'être des partisans. La deuxième est-celle de son regard sur le phénomène d'Israël. Ce n'est pas un regard subjectif, il ne dissimule point que c'est un regard catholique mais certes, avec sa propre culture et sensibilité. Fondamentalement, sa référence de compréhension est l'Épître aux Romains de saint Paul, qui fut d'abord ce Juif intransigeant, pharisien doctrinaire, persécuteur sans mansuétude des chrétiens, avant d'être l'immense docteur et propagateur de l'Évangile du Christ. Pour Bernard Antony, le christianisme est donc la religion de la Bible accomplie dans la révélation du Christ et dans l'attente de la conversion finale de la fraction du peuple juif qui n'a pas voulu le reconnaître comme le Messie. Sa réflexion est nourrie, après la méditation de l'Ancien et du Nouveau Testament et de saint Paul, de toute une connaissance de la tradition chrétienne de pensée sur Israël, sans cesse enrichie de saint Bernard à Bossuet, de Joseph de Maistre à Léon Bloy, à Raïssa et Jacques Maritain, à Charles Péguy, au père Bruckberger et à André Paul. Le Grand Rabbin Kaplan cite abondamment quelques uns de ces penseurs dans son anthologie : Témoignage sur Israël. Elle est nourrie aussi de Berdiaev, de Soloviev et de Soljenitsyne et naturellement encore des textes de Pie XI et Pie XII, de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Son attachement est très fort pour les grandes âmes juives de notre temps, dont la rencontre du Christ a transformé leur vie : Henri Bergson, Simone Weil et surtout au-dessus de tout pour lui, Édith Stein, sainte Édith Stein, carmélite et martyre de la haine antijuive et anticatholique de la barbarie nazie. Grâce à Judith Cabaud, à qui l'attache beaucoup d'admiration et d'amitié, venue de son judaïsme américain au catholicisme français il a fait connaissance de la vie et de l'oeuvre du Grand Rabbin de Rome, Eugénio Zolli, l'ami de Pie XII, converti par le Christ dans la synagogue du bord du Tibre. Grâce à Judith, il a pu rencontrer Roy Schœman, lumineux penseur juif catholique américain. Mais Bernard Antony ne cache pas non plus son admiration pour les admirables penseurs et historiens juifs témoins importants de notre temps, Robert Aron et Annie Kriegel. Le premier avec son regard certes de fidélité au judaïsme mais de fascination pour le Christ. La seconde, à travers sa propre expérience, a analysé le détournement révolutionnaire de la pensée messianique dans l'infinie horreur de la révolution dans laquelle les juifs infidèles, athées: et renégats, de Marx à Trotsky et autres Bela Kun jusqu'à leurs modernes émules, ont joué trop souvent un rôle essentiel que dénonce aujourd'hui le journaliste Sever Plocker dans le grand quotidien hébreu Yediot Ahronot. Il a encore lu les penseurs du sionisme, essentiels pour la compréhension de la création et de la vie de l'État d'Israël. C'est avec étonnement que certains découvriront les convergences de pensée entre les maîtres du nationalisme juif et ceux du nationalisme français mais aussi entre le fascisme et le sionisme d'un Jabotinsky. On pourrait par exemple faire passer sans mal les pages critiques de Théodor Herzl sur la démocratie et l'admiration pour la royauté, comme étant d'un Charles Maurras. Il a découvert avec passion les réflexions d'un Michaël Bar Zvi, historien et professeur de philosophie à l'Institut Lévinsky de Tel Aviv, nourri de culture française, exprimant sa gratitude à Pierre Boutang et parlant de la légitimité du nationalisme en certaines périodes de péril pour les peuples, avec les mêmes raisons qu'un Jacques Bainville. Voilà pourquoi il a tenu à la recension d'une centaine d'ouvrages sur lesquels il a travaillé et par laquelle il a abondamment complété son exposé. Ce faisant, il a d'une manière précieuse préparé le travail pour ceux qui comme lui, éprouveront la nécessité, sans mépris pour les autres peuples et les autres pages de l'histoire, de porter un regard autre sur l'aventure juive que celui des réducteurs idéologiques de notre époque. Avec Berdiaev il est en effet persuadé que « l'interprétation matérialiste de l'histoire est celle qui est la moins capable d'expliquer le destin historique du peuple juif ».

Richard Haddad, Editions Godefroy de Bouillon