jeudi 19 octobre 2006

Rupture de jeûne et laïcité

Les télévisions, les radios, les journaux nous informent, ce matin, de la très émouvante participation, un peu partout, des ministres, des dirigeants politiques, du cardinal Barbarin et autres évêques aux repas de rupture de jeûne du Ramadan.

Notez bien qu’il est tout de même plus facile de partager une rupture de jeûne que le jeûne lui-même.

Par ma part, j’invite d’ailleurs souvent quelques amis à partager l’une ou l’autre de mes deux ou trois ruptures de jeûne quotidiennes.

Peut-être aussi fait-il rappeler qu’en fait de jeûne, le jeûne musulman est diurne mais pas nocturne et que chaque nuit l’on y partage le couscous parfumé et les tajines odorantes dont je suis, pour ma part friand à condition de les arroser, eh oui, par exemple de l’excellente « Cuvée des trois messes basses » de côtes du Ventoux (Coopérative des vignerons du Barroux, publicité gratuite) réservant tout de même le Châteauneuf-du-Pape pour le coq au vin gaulois.

J’aime, vous le savez, en matière culinaire aussi, conjuguer l’enracinement et l’universel.

Mais revenons au jeûne et ne faisons pas fine bouche. On le voit, la laïcité se fait compréhensive, on n’est plus au temps où les « frères » au tablier en peau de cochon mangeaient du lard le Vendredi Saint. Aux dernières nouvelles d’ailleurs, le Grand Orient de France et les autres loges, pour être plus orientalement, plus islamiquement, plus judaïquement correctes renonceraient à la détestable tradition de se parer ainsi avec le cuir d’un animal impur.

Désormais, les tabliers maçonniques seront de peau de veau [1] ce qui d’ailleurs, soyons sans illusion n’empêchera pas « les peaux de vache » des coteries chiraquiennes pas toujours si fraternelles, d’envoyer des peaux de banane aux « frères » de Nicolas Sarkozy. Et réciproquement.

Mr Douste-Blazy, lui, qui est un grand amateur de rencontres des civilisations et l’a prouvé en passant son dernier réveillon, un peu agité, à l’hôtel Mamounia à Marrakech, a donc rompu le jeûne avec les ambassadeurs des pays musulmans. Le ministre des Affaires Etrangères a même désormais, on le sait, recruté des cuisiniers hallal pour les uns, casher pour les autres, les chrétiens pouvant eux, manger ou être mangés à toutes les sauces, sans que l’on s’avise d’ailleurs beaucoup de jeûner avec eux pour le Carême. Encore une fois, il est plus facile de partager la rupture de jeûne que le jeûne lui-même.

Sans parler de Beketch qui, en un seul mois de jeûne, a rajeuni de vingt ans (mais ça ne marche qu’une fois), les seuls qui sembleraient être en mesure de vraiment partager le Carême sont Marine et Jean-Marie Le Pen, habitués de ces cures d’amaigrissement dont les média se font régulièrement l’écho.
Mais serait-ce politiquement correct dans le climat actuel ?

En revanche, Ségolène et les éléphants, Chirac et Sarkozy, M.AM. et Villepin et les autres partageront bien volontiers la mi-carême. Ils aiment tant le carnaval !

La seule qu’on ne voit pas bien dans la fête, c’est Arlette. Elle est un jeûne en elle-même.

Pour en revenir à Mr Douste-Blazy si fervent, comme Jacques Chirac, de l’application partout dans le monde des droits de l’homme, il n’a pourtant pas été jusqu’à demander à ses interlocuteurs les nouvelles du sort réservé aux Chrétiens dans leurs pays respectifs.

Délicatesse bien sûr. Et c’est ainsi que mieux vaut être musulman à Paris que chrétien en Algérie….

Selon son habitude quotidienne dans « La Montagne », le grand Alexandre Vialatte aurait conclu : « Voilà pourquoi, l’éléphant est irréfutable et c’est ainsi qu’Allah est grand ». Ségolène s’efforce certes de réfuter les éléphants mais Allah n’en est pas moins grand. Shalom!




[1] -
mais voici que les frères hindous déjà généralement sombres de peau font grise mine car comment y aurait-il des vaches sacrées si l’on tue les veaux ?